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Live reports / 25.07.2017

DOYLE BRAMHALL II

Le public français avait déjà pu voir sur scène le guitariste d’Austin (Texas) avec son band Smokestack en première partie d’Eric Clapton (Bercy, 2001) puis ensuite au sein du groupe de celui-ci (2004 et 2006), mais les deux concerts du 10 juillet 2017 ont été les premiers en France de Doyle Bramhall II sous son seul nom. Qui plus est, sur la scène intimiste d’un club parisien fort sympathique ! Autant dire qu’une foule de fans trépignants attendait avec jubilation l’ouverture des portes du Sunset-Sunside…

 


Doyle Bramhall, Anthony Cole

 

Et ils ne furent pas déçus ! En ce qui concerne le concert auquel on a assisté (le premier des deux donnés ce soir-là), c’est avec panache et tout en décontraction que Doyle a présenté l’album sorti il y a quelques mois, l’excellent “Rich Man”. Pas moins de neuf titres du disque ont été joués ce soir-là, de November en hommage à son père (qui fut notamment l’ami de Stevie Ray Vaughan et le batteur de Lightnin’ Hopkins) à New faith qui prend une dimension supplémentaire avec l’actualité récente. Le titre-phare Mama can’t help you envoie méchamment, tout come My people ou Hands up. Bramhall se produisait là en quartet : débarrassée du vernis du studio et dépourvue d’arrangements luxuriants, parfois trop chargés sur l’album, la musique revêt une urgence nouvelle, les lieux exigus contribuant à la rendre tangible, charnelle.

 


Doyle Bramhall, Ted Pecchio, Adam Minkoff 

 


Ted Pecchio, Adam Minkoff 

 

À ce jeu, c’est sans doute la somptueuse version de Saharan crossing qui remporte la palme. Un peu cliché dans sa version studio, ce titre est là rempli d’une dimension spirituelle qui était sans doute ce que Bramhall visait en l’écrivant. Le mérite en revient autant à Doyle lui-même (très bon chanteur au demeurant) qu’à Anthony Cole, extraordinaire batteur passé le temps de la chanson sublime saxophoniste free jazz. Car Bramhall n’est pas venu avec des branquignols. Outre Cole, ex-pièce maîtresse du groupe JJ Grey & Mofro, on avait sur scène le bassiste Ted Pecchio (un ancien de la bande du regretté Colonel Bruce Hampton que l’on a pu entendre aux côtés de Susan Tedeschi) et l’impressionnant Adam Minkoff aux claviers, à la deuxième guitare, ainsi qu’occasionnellement à la batterie et au chant !

 


Doyle Bramhall, Anthony Cole

 


Anthony Cole

 


Adam Minkoff, Anthony Cole 

 

 

Leader cool, Doyle Bramhall II est un guitariste plus soucieux des ambiances et des compos que des soli interminables. Il a su se bâtir un toucher particulier, à partir notamment des influences palpables de Jimi Hendrix et de Curtis Mayfield. On comprend enfin pourquoi Eric Clapton et Derek Trucks l’apprécient tant ! Vers sa fin, le concert se détache du dernier album le temps de revisiter Green light girl (du répertoire de Doyle avec Smokestack) et Choice of colors (des Impressions de 1969, comme par hasard). À revoir au plus vite !

Éric D.
Photos © Arnaud Maineult