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Brèves / 03.06.2005

Disparition de Percy Strother

C’est chez lui, à Minneapolis, que le chanteur Percy Strother est mort le 29 mai 2005, âgé de 58 ans, des suites du diabète et d’un cancer du foie.).
Il était né le 23 juillet 1946 à Vicksburg (Mississippi) dans une famille qui comptait six enfants. Il grandit dans une ferme sans électricité où son père, métayer, l’initia au blues, en chantant et jouant quelques riffs à la guitare. Mais le drame entra bientôt dans sa vie. Alors qu’il avait 8 ou 9 ans, son père fut accusé d’avoir tué un Blanc et fut pendu. Sa mère ne se remit jamais de cette tragédie et sombra dans d’alcoolisme. A 12 ans, le jeune Percy devait travailler à la ferme pour nourrir la famille. Deux ans plus tard, sa mère mourrait et, plutôt que d’aller à l’orphelinat, Percy partit s’installer avec ses jeunes frères à Jackson. A partir de ce moment, il voyagea beaucoup : en Caroline du Nord pour récolter de tabac, en Floride pour cueillir les oranges….
Dans les années 60, on le retrouve grutier dans une fonderie à Milwaukee, Wisconsin, non loin de Chicago où il peut aller entendre ses bluesmen favoris. Car, tout au long des ces épreuves et pérégrinations, l’amour du blues ne l’a jamais quitté. Il avait même formé un petit orchestre à Racine, Wisconsin, en 1968.
Au tout début des années 70, il rend visite à des parents à Minneapolis, Minnesota, dont la scène blues l’impressionne. Au point, qu’il décide de s’y installer et d’y vivre pour le reste de ses jours. Il faut dire que c’est là qu’il rencontra en 1970 Roseanna, sa future épouse. La communauté blues locale l’avait adopté, à commencer par son chef de file, le pianiste-chanteur Lazy Bill Lucas qui avait pour habitude de le présenter comme : «Have mercy, Mr. Percy. »).
En 1977, il publia son premier disque, un 45-tours sur son propre label, P.L.S. A cette époque aussi, il rencontra un jeune harmoniciste, R.J. Misho qu’il encouragea et fit jouer avec lui. Continuant à chanter dans le secteur des Twin Cities (Minneapolis-St. Paul), il commença à jouer de la guitare en 1990. C’est grâce à R.J. Misho que son nom parvient enfin aux amateurs. Son premier album, “Ready To Go” paraît sous le nom de “R.J. & Kid Morgan Blues Band feat. Percy Strother” en 1992 (Blue Moon BRM 010), suivi de peu par un album tout entier dévolu à Percy : “A Good Woman Is Hard To Find” (Blue Moon BRM 012). Dans Soul Bag 129, Stéphane Colin écrit : «Voilà un grand chanteur apparemment méconnu en dehors de sa cage d’escalier. »
Cela ne va pas durer, le nom de Percy se répand et sa réputation de grand chanteur (influencé par Muddy Waters, mais aussi par la soul) s’étend à l’Europe où il fait une première tournée en 1993. Son deuxième CD, “The Highway is My Home”, paraît en 1995 sur le label néerlandais Black Magic et obtient le “Pied” dans notre numéro 139 où figure aussi une petite interview. Enrôlé dans l’écurie du tourneur Crossroads, on le voit très souvent en tournée sur le Vieux Continent et c’est aussi sur des marques européennes que paraissent ses deux albums suivants : “It’s My Time”, produit par Johnny Rawls en 1977 pour JSP (3 étoiles dans SB 149) et “Home At Last” en 1998 sur Black & Tan (3 étoiles dans SB 153).
Malgré les maladies dont il se savait atteint, Percy Strother continuait à travailler et à ce produire. Il a donné son dernier show le 15 avril dernier au Famous Dave’s BRQ à Minneapolis, entouré de ses amis, de sa famille et de son orchestre.
Le service funéraire est prévu ce jour, 3 juin, à la Estes Funeral Chapel de Minneapolis.