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Live reports / 15.10.2018

Disney Loves Jazz

Les musiques afro-américaines occupent une place régulière dans le programme d’animation mis en place par la souris autour de son parc francilien, notamment avec un festival blues annuel qui se tient dans l’espace Disney Village – je me souviens d’y avoir vu un Taj Mahal un peu décalé dans ce contexte ! Mais cette soirée thématique marquait la première fois l’entrée du jazz au cœur même du parc. C’est en effet l’ensemble de Disney Studio – le plus petit des deux parcs qui constituent ensemble Disneyland Paris – qui était consacré à la musique ce soir-là. Au programme, quelques attractions ouvertes, déambulation de personnages Disney – j’ai même croisé les Aristochats – et bien sûr concerts. Après un accueil en fanfare, littéralement, avec l’excellent NOLA French Connection Brass Band (Soul Bag vous en reparle bientôt), trois scènes réparties dans le parc accueillent DJ et musiciens selon trois thématiques : électro, manouche (avec notamment le trio de Matthias Lévy) et funk (avec Ceux Qui Marchent Debout et, à nouveau, le NOLA French Connection Brass Band). Le programme très dense ne permettait cependant pas de profiter de l’ensemble des prestations, en raison du rendez-vous principal de la soirée, avec la déclinaison scénique du projet “Jazz Loves Disney”, qui a déjà fait l’objet de deux volets discographiques “all star”, avec notamment Gregory Porter, George Benson, Laura Mvula et bien d’autres. 

 


NOLA French Connection Brass Band

 

Même privé de ses vedettes, la version live ne manque pas d’atout, avec au programme un des plus remarquables big band français, l’Amazing Keystone Big Band, renforcé d’une section de cordes, et d’un maître de cérémonie très efficace pour faire le liant entre les différentes voix invitées pour l’occasion, dont une bonne partie est bien connue des lecteurs de Soul Bag Hugh ColtmanRobin McKelleChina MosesMyles Sanko et Ben l’Oncle Soul, et l’invitée vedette de la soirée, Selah Sue. Si les conditions du concert – une tribune couverte mais en plein air, ce qui est quand même audacieux pour un 29 septembre, dont les premiers rangs sont au moins à vingt mètres de la scène –, l’atmosphère se réchauffe vite grâce à l’humour du maître de cérémonie et à l’enthousiasme d’un public conquis d’avance malgré quelques bugs techniques (et en particulier un écran de fond de scène décalé de quelques secondes, ce qui est très pénible). Il faut dire que le projet est très réussi, même s’il manque un peu de surprises : un répertoire bien choisi mêlant évidences (Someday my prince will come, standard de jazz au moins depuis Miles Davis) et titres plus obscurs (Beauty and the beast, créé pour le film du même nom par Peabo Bryson et Céline Dion), des beaux arrangements portés par un orchestre à l’impressionnante cohésion et des solistes percutants et surtout une excellente adéquation entre les interprètes et les titres choisis. 

 


Hugh Coltman

 


Hugh Coltman

 


Myles Sanko

 

À part Ben l’Oncle Soul et Selah Sue, chacun des chanteurs et chanteuses bénéficie de trois ou quatre morceaux et tous se montrent à leur avantage. C’est sans doute Myles Sanko qui impressionne le plus, avec un Someday my prince will come sans mièvrerie et un Everybody wants to be a cat ludique, mais China Moses, avec Why don’t you do right (la chanson de Jessica Rabbit et de Lil Green), Hugh Coltman, avec You got a friend in me ou Ben l’Oncle Soul, avec Être un homme comme vous, offrent également de belles performances.

 


China Moses

 


Ben l’Oncle Soul

 


Ben l’Oncle Soul

 

Peu gâtée côté répertoire – difficile de faire grand-chose avec le Supercalifragilisticexpialidocious de Mary Poppins – Robin McKelle est plutôt moins à l’aise, mais elle a suffisamment de métier et de charisme pour séduire quand même le public. Très attendue, Selah Sue se contente du service minimum pour So it is love, extrait de Cendrillon, et sera la seule à ne pas participer au final partagé sur Under the sea.

 


Selah Sue

 


Ben L'Oncle Soul, Hugh Coltman, Myles Sanko, China Moses

 

Si l’ensemble reste dans une certaine zone de confort consensuelle – c’est Disney, quand même –, le tout est bien conçu (même s’il manque peut-être quelques duos entre les participants) et il n’y a aucun temps mort. Le taux de remplissage de la soirée et l’enthousiasme des participants peut laisser espérer que ce rendez-vous connaisse une suite.

Frédéric Adrian
Photos © DR / courtesy of Disneyland Paris