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Brèves / 09.05.2013

Delta Blues Museum, la consécration !

L'administration Obama aura décidément grandement œuvré en faveur des musiques afro-américaines. En effet, Michelle Obama a remis hier 8 mai 2013 à la Maison-Blanche la National Medal of Museum and Library Services au Delta Blues Museum de Clarksdale au Mississippi. Il s'agit tout simplement de la plus haute distinction dans le domaine aux États-Unis, et le musée de Clarksdale s'installe ainsi aux côtés du Muséum d'Histoire naturelle (Field Museum) de Chicago, du musée des Beaux-Arts de Houston, du Musée scientifique de Miami, de l'Institut des droits civiques de Birmingham, de l'Institut Franklin à Philadelphie, du Brooklkyn Museum et de la galerie Corcoran de New York, excusez du peu… Cette médaille nationale a été remise pour la première fois en 1994, deux ans avant la fondation à Washington de l'Institute of Museum and Library Services (ILMS), qui se charge donc de sa destinée et de la sélection des lauréats parmi pas moins de 123 000 bibliothèques et 17 500 musées ! C'est dire combien la récompense dont fait aujourd'hui l'objet le Delta Blues Museum est un véritable événement, d'autant qu'en épluchant la liste des précédents récipiendaires, on n'y trouve pas trace d'un musée entièrement consacré à la musique.

 


La kora à l'entrée du musée. © : Corinne Préteur.

 

Parmi les critères de sélection de l'ILMS, la préservation des traditions nationales et l'éducation viennent en bonne place, et la mission du Delta Blues Museum répond parfaitement à ces deux exigences. Le musée comprend une annexe dédiée à l'éducation, où les élèves apprennent à jouer et à connaître l'histoire du blues, des événements rattachés aux principaux festivals locaux sont organisés avec des concerts et des ateliers en présence de musiciens, mais aussi des expositions, des conférences… Le dernier programme d'éducation mis en place se nomme Explore and Learn et propose de découvrir l'histoire de la ville de Clarksdale des origines à nos jours, ainsi que le parcours de bluesmen du Delta comme Charlie Musselwhite, Son House et Muddy Waters. En se rendant à cette adresse, on peut d'ailleurs accéder en ligne à ce programme et suivre les différentes étapes illustrées de ces histoires toujours passionnantes.


 


La statue de cire de Muddy Waters. © : Corinne Préteur.

 

Quant au musée proprement dit, que nous avons eu l'occasion de visiter à plusieurs reprises ces dernières années, il a été créé en 1979 et occupe depuis 1999 son emplacement actuel, l'ancien dépôt ferroviaire de la ville. Une seule grande salle, mais dans laquelle on ne s'ennuie jamais, avec en premier lieu l'espace consacré à  Muddy Waters, dans lequel sa statue en cire trône au centre de ce qui fut sa demeure sur Stovall Plantation, transportée ici et entièrement reconstruite à l'intérieur du musée ! Il faut également souligner la superbe collection d'instruments, d'une kora africaine jusqu'à Lucille chère à B. B. King en passant par le banjo de Gus Cannon, des guitares de John Lee Hooker, Jimmy Burns, James « Son » Thomas et Big Joe Williams, sans oublier les harmonicas de Charlie Musselwhite. Robert Johnson et Charley Patton ont eux aussi leurs sections, tout comme nombre de bluesmen qui ont fait l'histoire du blues local : Sam Carr, Big Jack Johnson, Pinetop Perkins, Honeyboy Edwards…Enfin, côté originalités, les sculptures morbides en terre de James « Son » Thomas (dont certaines furent exposées à la prestigieuse galerie Corcoran de New York !), en tête desquelles figure Woman in a Coffin, confirment que ce musée rend un bel hommage à la culture afro-américaine et mérite à nos yeux sa distinction.
Daniel Léon