Ça griffe, ça martèle, ça bourdonne. Guitare, batterie et sousaphone impriment en quelques mesures le son Delgres. Le trio a forgé cela sur scène et prend soin d’en aiguiser l’impact à chaque grande étape en studio. Ce troisième album possède lui aussi son lot de titres marquants, à la fois puissantes charges d’énergie et véritables chansons qui font mouche.

D’une entame au quart de tour à un coup de poing subtil, la première partie du disque enchaîne à haute intensité. Ce Promis le ciel qui glisse des bouts d’histoire de tragédie (in)humaine en laissant le texte s’arrimer au présent deviendra sans doute un pilier des prochaines setlists du groupe. Tout comme ce puissant Autorisation qui entre en résonance avec les souffrances de celles et ceux qui doivent fuir leur pays.

Entre ces deux balises, trois autres occasions de goûter une mixture qui prend souvent aux tripes, grâce à une rythmique toujours alerte, qu’elle cogne ou qu’elle respire davantage, et à ses mots qui naviguent entre français et créole antillais, tissant un jeu de sonorités propres à Pascal Danaë. L’anglais s’invite dans ce Walking alone qui avance coûte que coûte avant que Pourquoi ce monde instille une chaloupe teintée de zouk comme pour mieux conjurer le sort d’une question désarmante. Sur À la fin, Baptiste Brondy sollicite ses arceaux, Rafgee égrène ses vibrations, Pascal conduit un riff enivrant auquel répond son chant qui transporte l’auditeur et interroge notre monde.

Le blues n’est jamais loin au fil de ces onze titres, chevillé dans le groove et dans cette mélancolie incarnée, transcendée, évacuée. Y compris dans le touchant Mettre les voiles au fort potentiel de grande écoute et qui annonce une seconde partie d’album plus apaisée. Bousculé par les secousses du carnavalesque Samedi soir, “Promis Le Ciel” préfère s’en aller doucement, en deux temps, bercé par An pa ni sou, puis en regardant en l’air, porté par un Where do they go rassembleur. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : PIAS
Sortie : 16 février 2024