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Live reports / 21.11.2017

Dee Dee Bridgewater

En tournée européenne après la publication de son album “Memphis… Yes I'm Ready”, Dee Dee Bridgewater s'arrêtait à la Cigale pour deux soirées, histoire de retrouver ce public parisien qu'elle affectionne particulièrement et qui le lui rend bien. Elle tint pourtant à préciser que pour ce retour aux sources du blues et de la soul, elle sortait de son cadre habituel. Particulièrement en verve, elle prit plaisir à présenter longuement et en français chaque chanson, la remettant dans son contexte et expliquant ses choix. On a particulièrement été sensible au prologue de Why (Am I treated so bad) de Pops Staples, associé à la lutte pour les droits civiques et aux combats d'aujourd'hui. D'autres aussi plus amusants, et quelques-uns un peu longuets, d'autant que le public, dans sa majorité, ne semblait guère réceptif à l'évocation du Royal Studio ou d'Al Green !

 

 

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Ouvrant avec sa version de Goin' down slow inspirée de l'interprétation de Bobby Bland, c'est l'intégralité de l'album (moins Precious Lord) qu'elle va dérouler au long des deux parties. La première m'a paru plus intense avec d'excellentes versions de Givin up ou I can't get next to you et un final éblouissant sur le B-A-B-Y de Carla Thomas, auquel elle ajoute une charge érotique absente de la v.o. et terminée dans une sorte de ferveur gospel, malgré des paroles ô combien profanes !

 

 

 

Même si tous les protagonistes de l'album n'avaient pu faire le voyage, Dee Dee était bien entourée par une Memphis Soul Family emmenée par les claviers de Dell Smith avec notamment Charlton Johnson à la guitare, Carlos Sargent aux drums, Lannie McMillan au ténor et deux choristes bien impliquées.

 

 

 

 

En seconde partie, on apprécia, comme sur l'album, sa relecture très personnelle du Don't be cruel d'Elvis, l'inaltérable I can't stand the rain et surtout un titre moins connu des Soul Children, The sweeter he is. Une ballade où Dee Dee fit preuve d'une belle sensibilité et en profita pour raconter un premier chagrin d'amour ! En revanche, j'ai moins apprécié son hommage à B.B. King sur The thrill is gone, prétexte de faire participer le public, au détriment du frisson (parti far away…), ou la version de Hound dog, un peu trop appuyée. D'ailleurs, la réponse de Rufus Thomas, Bear cat, aurait été plus appropriée !

 

 

 

 

Points de détail dans une prestation chaleureuse, un hommage sincère aux plus belles pages de la musique afro-américaine par l'une de ses figures les plus attachantes. À la Cigale les concerts se terminent tôt – voisinage oblige –, Dee Dee offrit pourtant un rappel, et inattendu en plus, avec Purple rain, seule entorse à l'album. Ce dont personne ne s'est plaint !

Jacques Périn
Photos © Fouadoulicious