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Live reports / 09.11.2021

David Walters, La Cigale, Paris

26 octobre 2021.

Présent sur la scène française depuis le début des années 2000, David Walters a réellement attiré l’attention du grand public sur ce qu’il appelle lui-même sa « soul créole » avec la sortie en 2020 du très réussi “Soleil Kréyol”, dont plusieurs extraits ont été diffusés en radio, et c’est donc une Cigale bien remplie et très impatiente – après une série de reports – qui l’attendait. Après avoir tourné tout l’été avec son groupe habituel, c’est dans la configuration acoustique de son dernier album, “Nocturne”, qu’il se présente ce soir, avec trois musiciens habitués aux projets originaux et qui sont tous les trois considérés comme des créateurs majeurs sur leur instrument : le violoncelliste Vincent Segal, le joueur de kora Ballaké Sissoko et le percussionniste Roger Raspail.

Installés en demi-cercle au centre de la scène, tous assis, les quatre musiciens forment une sorte de salon de musique, où chaque participant garde l’œil sur les autres. Partenaires réguliers, la communication entre eux approche la télépathie et repose sur une qualité d’écoute assez fascinante. Sans surprise, c’est le répertoire de “Nocturne” qui constitue le cœur du programme, avec quelques titres plus anciens réarrangés pour l’occasion. 

Le format intimiste, à la limite du miniaturisme parfois, pourrait sombrer dans une certaine monotonie, d’autant que la plupart des titres joués sont en tempo moyen, mais ce serait compter sans le talent des différents musiciens. À la kora, Ballaké Sissoko fait figure de soliste principal, et chacune de ses interventions fait décoller la musique à un niveau supérieur, tandis que les percussions de Raspail viennent appuyer et structurer chacune des chansons et que le violoncelle de Segal en nourrit la texture.

Leader théorique de l’opération, David Walters, à la guitare mais aussi ponctuellement à la sanza, s’appuie sur ses partenaires de luxe pour mettre en valeur ses chansons, et profite du format live pour les laisser s’exprimer sur la longueur, en particulier à l’occasion de quelques passages où chaque musicien passe aux percussions. Un duo kora-violoncelle et une chanson interprétée par Roger Raspail viennent apporter deux ruptures de ton pertinentes. Très calme et attentif au début, le public se libère progressivement, et le tube Mama semble lui donner l’autorisation d’exprimer son enthousiasme jusqu’au final sur l’irrésistible Vancé.  

Au rappel, c’est le percussionniste Mino Cinelu – ancien de chez Miles Davis et de Weather Report, pour résumer en deux noms un des CV les plus impressionnants de la scène musicale française – vient ajouter ses propres épices au déjà très relevé Mesy bon dié, visiblement très attendu par le public. Le duo percussif entre Cinelu et Raspail défie d’ailleurs les capacités des spectateurs à suivre avec des claquements de main ! Titre phare de “Nocturne”, Papa Kossa – toujours avec Cinelu – vient clore en beauté une soirée très réussie. L’agenda chargé de chacun des participants interdit sans doute à cette réunion au sommet de devenir une habitude, mais elle mérite l’intérêt si elle se reproduit ! 

Texte : Frédéric Adrian
Photo © Ingrid Mareski