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Live reports / 05.02.2018

Daniel Caesar

Pour sa première venue en France, la Maroquinerie n'a pas suffi : concert déplacé au YoYo, affichant vite complet lui aussi. Logique, Daniel Caesar a publié fin août 2017 un premier album marquant, “Freudian”, véritable éclosion de sa soul-R&B à fleur de peau qui depuis quelques années faisait frémir la toile.

 

 

Seulement, dans l'enceinte bétonnée archi haute de plafond de cette salle attenante au Palais de Tokyo (et plutôt branchée clubbing), le déroulé intimiste du chanteur de Toronto n'est pas à son avantage. D'autant plus que Caesar est du genre posé et qu'il choisit d'entamer son set en s'appuyant principalement sur des titres de ses débuts. Alors que Best part (du nouvel album) fait grimper la température, il enchaîne sur We'll always have Paris (de circonstance, certes), Violet et Death & taxes. C'est-à-dire de chouettes compos éthérées… qui n'ont pas la portée de leurs jeunes petites sœurs mieux ficelées et davantage portées sur le groove. Quand “Freudian” reprend ses droits, l'attention se ravive et un constat s'impose : la salle connaît sur le bout des doigts chacune de ses chansons sinueuses et prenantes.

 

 

 

Caesar, qui saisit parfois sa Telecaster pour égrainer une suite d'accords, est entouré d'un solide quartet emmené par Matthew Burnett, l'un des coproducteurs de “Freudian” qui prend clairement son pied derrière ses claviers. À droite, Ian Culley, guitariste discret et efficace, bien affûté quand vient le temps de placer quelques saillies propres à certaines chansons (Take me away, notamment). À gauche, Adrian Bent, batteur vigoureux qui appuie franchement là où ça groove, parfaitement aidé en cela par Saya Gray, bassiste au touché félin. Ainsi des titres comme Hold me down et Neu roses brillent de mille feux.

 

 

 

 

 

 

 

Mais quel dommage que les choristes ne furent pas du voyage ! Élément central sinon clé de “Freudian”, elles sont omniprésentes ce soir… depuis l'ordinateur. Ce qui n'est pas vraiment la même chose lorsqu'il s'agit de faire décoller le majestueux We find love, enchaîné ici aussi à l'enivrant Blessed (leçon de piano soulful par Burnett). En tout cas Caesar laisse parler la magie de son chant aérien, sans forcer et sans bouder son plaisir de laisser certaines parties au public qui embraye au quart de tour. Le tube Get you, habilement prolongé, offre une évidente conclusion en communion, scellant une heure de prestation tout compte fait largement séduisante. Mais il est évident qu'à 22 ans Daniel Caesar a tout le temps de revenir frapper plus fort. 

Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot