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Live reports / 09.02.2015

Curtis Salgado

Curtis Salgado semble apprécier la French touch. Dix mois après avoir bouclé sa première tournée en France, il y revient et réclame la même équipe, preuve qu'il a dû la trouver à la hauteur. En revanche, c'est avec un autre guitariste qu'il a franchi cette fois l'Atlantique. Exit l'excellent Monster Mike Welch, bonjour Josh Fulero. Un inconnu de nos services, originaire de Houston, Texas, un rien moins flamboyant que son prédécesseur, mais d'une précision et d'une fiabilité à toute épreuve. Sobre dans son comportement, il sait toujours adopter le ton juste, brillant sans ostentation, aussi à l'aise quand il s'agit d'évoquer l'univers de Muddy (Too young to know), de B.B. (Woke up this morning) ou de la soul sudiste. Une vraie découverte.


 

C'est en mode blues que Curtis Salgado aborde le concert, avec I smell trouble, Look at yonder wall et Mr. Downchild, avant de frotter au Don't let your baby ride d'O.V. Wright qu'il présente comme son héros. C'est bien autour de sa voix que s'articule sa prestation, une voix qui s'est forgée à l'écoute des chanteurs noirs les plus expressifs et dont elle peut prolonger l'héritage avec panache. À la fin du deuxième set, il donnera toute la mesure de son implication dans un Born all over avec une coda en forme de prêche séculier ("What came first, the women or the blues ?") avant d'enchaîner sur un tempo de gospel débridé. Il n'a heureusement pas délaissé l'harmonica, mais il n'y recourt pas systématiquement, s'il en joue, c'est que cela apporte quelque chose au morceau et il peut alors preuve d'une superbe technique et d'un feeling constant, saluant Little Walter au passage (Come back baby, You're so fine).

Cutis, Fabrice (caché) et Mig

On comprend que Curtis Salgado ait eu envie de reprendre le groupe constitué par Fabrice Bessouat en avril 2014. Derrière ses tambours, Fabrice stimule ses compagnon par un beat impeccable, justement dosé, qui les "pousse" véritablement. Que la tonalité soit au Chicago blues ou à la soul sudiste, il est sur la bonne longueur d'onde. Mig Toquereau tient sa basse très bas, presque à la verticale, et cache son implication derrière une impassibilité un rien goguenarde.

Curtis et Julien

Absent des premières dates de la tournée, Julien Brunetaud, bien bronzé (de retour du festival de l'île Moustique), était au Jazz Club pour le plaisir des spectateurs, mais aussi du Curtis Salgado qui, plus d'une fois, sembla captivé et surpris par les interventions du Julien, à l'orgue ou au piano qu'il n'a pas son pareil pour faire gronder. Sans parler des boogies, inépuisable source de plaisir, quand ils sont pratiqués avec fougue et inspiration, comme dans ce Honey hush où la guitare de Stan Noubard-Pacha (invité surprise du troisième set) était aussi à la fête.

Vous l'avez sans doute compris : c'était un très bon concert !

Texte et photos Jacques Périn