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Live reports / 20.02.2025

Cory Wong, Olympia, Paris, 2025

11 février 2025.

Habitué des scènes parisiennes, où il passe quasiment tous les ans, seul ou avec un des groupes dont il fait partie, Cory Wong avait sans doute vu un peu large en prévoyant deux Olympia, mais, par la grâce de quelques places à prix réduit, c’est une salle quasiment complète et très enthousiaste qui l’accueille pour la première de ces deux dates. 

En ouverture de soirée, le groupe Couch (visiblement, tous les bons noms sont désormais pris…) n’a aucun mal à accrocher le public grâce à son énergie contagieuse, et en particulier à la présence et au charisme de sa chanteuse Tema Siegel. Si leur pop funk ne brille pas par son originalité, l’implication de l’ensemble est d’une efficacité incontestable, saluée par une salle enthousiaste. 

Le temps pour mon voisin de me glisser pendant l’entracte qu’il est le grand-père du guitariste de Couch et le rideau de la scène s’ouvre à nouveau. Juste avant l’entrée en scène des musiciens défilent sur l’écran les noms des membres de l’orchestre de Cory Wong. Au vu de sa discographie prolifique (rien moins que 20 albums sous son nom depuis 2017, sans compter sa participation à des projets collectifs comme les Fearless Flyers ou Vulfpeck et ses apparitions sur les disques de collègues comme Jon Batiste et Dave Koz), difficile de savoir exactement à quoi s’attendre côté répertoire et, de fait, Wong, qui change sa setlist tous les soirs – il annonce d’ailleurs que le concert du lendemain sera dédié aux « requests » –, se balade très librement dans sa production, passant d’un titre personnel comme The grid generation (avec son clin d’œil à la musique du jeu vidéo Halo) extrait de son dernier album studio au Patrouille de France des Fearless Flyers avant de revisiter sa collaboration avec Jon Batiste avec le morceau-titre de leur album commun “Meditation”. 

Malgré ses prouesses instrumentales, Wong ne joue pas au guitar hero – à part pour un titre, il joue d’ailleurs sur la même guitare pendant tout le show, quitte à se réaccorder entre les morceaux – et la diffusion pendant un titre d’images du jeu vidéo du même nom comprend évidemment une part d’ironie moqueuse. Là où le son des Fearless Flyers repose largement sur la guitare, celui de Wong en solo est bien plus varié et il laisse largement l’espace aux membres de son orchestre. Il faut dire qu’il est particulièrement bien entouré, avec une rythmique musclée (Yohannes Tona à la basse, Petar Janjic à la batterie et Kevin Gastonguay aux claviers, trois habitués des projets de Wong) et une section de cuivres superlative tant dans les ensembles qu’individuellement  (dont plusieurs membres ont travaillé avec Prince), les saxophonistes Eddie Barbash, Sam Greenfield et Ken Holmen, le tromboniste Michael Nelson et le trompettiste Jay Webb.

Si l’essentiel du concert est instrumental, Tema Siegel offre une rupture de ton bienvenue avec deux titres chantés, dont une belle version du Sledgehammer de Peter Gabriel, et Wong varie suffisamment les rythmes et les climats pour éviter toute impression de répétition, malgré un concert au long cours – pas loin de deux heures tout compris ! Si je ne suis pas certain d’être client de la production discographique de Wong, il mérite en tout état de cause d’être entendu sur scène. 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Wilfried-Antoine Desveaux