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Live reports / 02.04.2013

Cody ChesnuTT

Que la chanteuse Laetitia Dana s'inspire d'Erykah Badu, tant visuellement que musicalement, ne fait pas l'ombre d'un doute. Accompagnée d'un seul guitariste énergique, elle assure une première partie de qualité grâce à une neo soul délicate chantée en anglais et en français. C'est parfois tiède, notamment quand elle s'essaye au ragga ou à une reprise du rappeur Notorious B.I.G., mais dans l'ensemble crédible.

Auteur d'un des albums de soul les plus consistants de 2012, “Landing On A Hundred”, Cody ChesnuTT le défend corps et âme sur scène. Il le réexpliquera à la fin de son set, plus question de jouer son “Headphone Masterspiece”, œuvre de jeunesse tendance puérile et démago qui l'a fait connaître une décennie plus tôt. Tant mieux, car armé de ses nouvelles compos, le chanteur casqué s'empare de la scène avec la verve des grands soulmen d'antan. Hic de taille cependant : une sonorisation caverneuse qui dessert franchement l'affaire. Le micro chant sature et, surtout, l'ensemble manque cruellement de dynamique. Il faut dire que les quatre accompagnateurs aux personnalités transparentes n'y sont pas pour rien, du genre exécutants bien carrés qui bétonnent les mesures et tartinent du cliché quand il faut prendre un solo.

 

 

 

C'est d'autant plus regrettable que ChesnuTT fait preuve d'un charisme exaltant du lever au baisser de rideau. Il touchera à peine sa guitare pour se révéler en étonnant stand-up singer qui n'hésite pas à agrémenter son répertoire de passages prêchés réellement prenants. Du coup, les meilleurs moments adviennent lorsqu'il entonne a cappella son Everybody's brother, instaure une proximité avec le public en introduisant Love is more than a wedding day, ou propage des claquements de doigts pour What kind of cool (Will we think of next). L'élan de Under the spell of the handout fait aussi sensation. En fait, là réside la grande force du Cody ChesnuTT nouveau, chaque chanson dispose d'un bagage mélodique et d'une identité forte qui permettent une communion intense en public. Et c'est ce qui se passe ce soir dans une certaine mesure. La salle ne se fait pas prier pour entonner les refrains avec conviction, entre autres celui de Where is all the money going. Mais à l'image de ce I've been life brillamment introduit par son riff funky assassin avant de virer brouillon, on ne peut s'empêcher d'imaginer meilleur rendu pour cet excellent répertoire qui a tout pour cartonner live, y compris en formation réduite. À condition de renouer davantage avec les nuances d'un album qui se distingue aussi par ses arrangements de cuivres et de cordes.

Nicolas Teurnier

Photos © Stella-K