;
Chroniques / 29.04.2020

Cleo Sol, Rose In The Dark

Attention, révélation ! Un an après avoir illuminé le Selfish de la rappeuse Little Simz, Cleo Sol propose son premier album. Mantra captivant, couches vocales superposées et syncopes martiales plantent le décor sur l’intro One love. À l’instar du doucement percussif Why don’t you et son refrain aux ondulations grisantes, l’Anglaise mise souvent sur un minimalisme intimiste. 

Mais non sans une palette musicale riche en nuances, où s’entrecroisent réminiscences du Philly Sound (Her light serti de chœurs à la Stylistics-Delfonics), inflexions boom-bap neo soul (Rewind et sa ligne de basse saillante) et délicieuses effluves de reggae lovers rock (l’irisé Young love). La chanteuse évoque Lauryn Hill sur la ballade guitare-voix Butterfly, Amel Larrieux et Solange sur un radieux Rose in the dark où des claviers carillonnants répondent aux va-et-vient d’une wah-wah, ou encore Aaliyah sur l’épuré et jazzy Sideways, pour sa manière de dessiner des arabesques en cajolant dans les aigus et en vibrant dans les graves.

When I’m in your arms conjugue cordes léchées et pulsation organique, avec ses congas qui ricochent à la façon du Didn’t cha know d’Erykah Badu. Bercée par le bruit des vagues et le gazouillis des oiseaux et drapée d’un ostinato de guitare lancinant, sa voix se fond à l’infini dans les confins de l’éthéré Sure of myself. À l’inverse, c’est terrienne, viscérale et à fleur de peau qu’elle transperce l’épiderme sur un I love you porté par de subtiles notes de Rhodes, rejointes à mi-parcours par une rythmique éparse et des chœurs évanescents.

Onze compositions de haute volée au fort potentiel de séduction, qui assoient un style plus personnel qu’il n’y paraît, et imposent d’ores et déjà Cleo Sol comme l’un des talents les plus prometteurs de la scène soul R&B britannique.

Mathieu Presseq

Note : ★★★★½
Label : Forever Living Originals
Sortie : 27 mars 2020

Cleo SolMathieu PresseqrandbsoulSoul Bag 239