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Hommages / 29.10.2018

Claude Dannic (1964-2018)

Saluer la disparition soudaine d'un ancien collaborateur de notre magazine n'est pas chose aisée, surtout lorsqu'elle concerne un ami de longue date.

Ce Breton d'origine (il était né à Tréguier dans les Côtes d'Armor le 20 février 1964) vivait depuis longtemps en région parisienne. Passionné de musique et particulièrement de blues, ayant multiplié les petits métiers, diplômé du Conservatoire National d'Art Dramatique de Rennes, de Paris-Censier et de la Sorbonne, cinéaste et acteur amateur, écrivain, journaliste, Claude était une belle personne. Écorché vif, tourmenté, toujours affable, passionné, fidèle en amitié, discret, cultivé, il avait tout de même tâté de la scène, écrivant ses propres sketches et les jouant avec Philippine Leroy-Beaulieu, Rosanna Arquette ou Philippe Bouvard, à Bobino ou au Point-Virgule.

Écrivain infatigable et tous azimuts, Claude était également l'auteur de plusieurs ouvrages : Mississippi Blues, roman étrangement entrecoupé de tranches d'actualités qui raconte la vie d'une jeune chanteuse de blues aux États-Unis avec la ségrégation en filigranes ou BZH Blues, essai grinçant dont l'intrigue essentiellement policière se déroule dans une Bretagne profonde. Ces deux romans récents avaient suivi une première tentative intitulée Estrella Jail ainsi que deux recueils de poèmes. Sa vision d'un blues racinien l'a conduit outre-Atlantique, notamment dans le Mississippi à la recherche de l'authenticité et de la “véritable” tombe de Robert Johnson. Adepte des soirées du New Morning, il en chroniquait régulièrement les innombrables concerts. Les émissions de blues sur Internet lui permettaient de maintenir le lien avec l'actualité de notre musique. Ses citations favorites parlent pour lui : « Si les gens qui disent du mal de moi savaient ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage. » (Sacha Guitry) et « Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pur que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie. » (Shakespeare).

Je garderai le souvenir d'un homme passionné et précis, aimant les gens, délicat, aimable, peu avare d'un vocabulaire adapté à chaque situation, sachant aussi bien parler doctement de la vie d'un bluesman disparu, applaudir ceux d'aujourd'hui dans le contexte d'un concert, s'amuser des plaisirs de la vie en faisant rayonner sa passion autour de lui. Luttant contre une longue maladie pourtant en rémission, il a malheureusement succombé samedi 27 octobre 2018 à son domicile parisien du 19arrondissement, à l'âge prématuré de 54 ans.

La rédaction de Soul Bag apporte tout son soutien à sa famille et à ses proches. Souhaitons-lui de revoir là-haut B.B. King, Robert Johnson et Bo Diddley, qu'il chérissait. À bientôt, mon ami…

Marc Loison
Photo ©Yann Charles