;
Live reports / 29.04.2019

Chris Cain + Automatic City, Odéon, Tremblay

12 avril 2019.

Cette année, la scène Jean-Roger Caussimon fête ses 50 ans, et le blues y occupe une place de choix depuis plus de 30 ans. C’est dire qu’elle a su accueillir des centaines d’artistes et groupes, déclinant toutes les nuances de bleu. Néanmoins, Michel Rémond, son programmateur, a cru bon de préciser qu’Automatic City pouvait surprendre. Pourtant, le I Wish you would d’introduction ancrait le groupe dans une forme de blues novatrice, servie par la voix plaisante et accrocheuse d’Éric Duperray, également guitariste (électro-acoustique).

La rythmique est assurée par Camille Thouvenot à la contrebasse et Wendlavim Zabsonre aux percussions (éléments de batterie et timbales jouées du bout des doigts ou aux baguettes). L’habillage sonore et les solos étant essentiellement l’affaire d’Emmanuel Mercier, guitariste, mais pas que. C’est lui qui pilote la profusion de machines et de pédales diverses disposées autour de lui. Après cette intro quasiment orthodoxe, le groupe va affirmer sa différence à travers ses compos (Crawfish, Gasoline…) et des standards (She’s alright, Wang dang doodle…) soigneusement déconstruits. Sonorités saturées, boucles, ondes thérémine… On navigue entre musique science-fictionnelle et transe. On peut se laisser emporter ou crier à l’imposture. Voire à la provocation. Quoi qu’on en pense, Automatic City a l’avantage de ne pas laisser indifférent…

Éric Duperray, Camille Thouvenot, Wendlavim Zabsonre
Emmanuel Mercier
Wendlavim Zabsonre
Éric Duperray

Malgré une longue carrière, Chris Cain ne s’était encore jamais produit en France et ce concert à Tremblay était son tout premier. D’où une certaine émotion exprimée avec simplicité. Pour moi qui n’ai pas suivi sa carrière avec attention, j’avoue avoir été surpris et conquis par ses qualités de chanteur et surtout de guitariste. Cain est un styliste, un improvisateur qui prend le temps de développer ses solos, capable de digressions pour mieux monter en puissance et en complexité. Il n’use d’aucun artifice, pas de pédale d’effets, rien que le médiator et les potards de la guitare !

Il est capable d’emprunter au langage du jazz, mais c’est le blues qui viscéralement nourrit son jeu. Ses maîtres sont clairement identifiés, comme Albert King (Crosscut saw) ou celui qui a, comme il le dit, changé sa vie, B.B. King. Il l’honore à travers Why I sing the blues et You know I love you, où sa maîtrise vocale éclate. Le groupe transalpin qu’il a choisi pour l’accompagner est souvent sollicité, et fait le job avec enthousiasme et compétence, avec Luca Giordano, guitariste polyvalent et fervent, Walter Cerasani à la basse, Lorenzo Poliandri aux drums et Jan Korinek aux claviers.

Luca Giordano, Chris Cain
Jan Korinek
Lorenzo Poliandri

Un premier rappel nous vaut un moment de grâce : Chris Cain au piano, avec seulement Korinek à l’orgue, délivre une version émouvante de Sittin’ and wonderin’, avec un vocal digne de Ray Charles. Standing ovation méritée et, du coup, nouveau rappel pour un titre où pointe l’influence de Freddie King. Difficile de trouver modèles plus inspirants. Chris Cain a certes mis le temps à venir nous visiter, mais il n’a pas manqué sa première !

Texte : Jacques Périn
Photos © J-M Rock’n’Blues
Plus de photos ici.

Automatic CitybluesChris CainJ-M Rock'n'BluesJacques Périnlive in FranceOdéonTremblay