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Live reports / 11.06.2010

CHICAGO BLUES FESTIVAL


James Cotton et Matt “Guitar” Murphy © Brigitte Charvolin
 

Pour sa dernière édition d’avant retraite, Barry Dolins, chef événementiel maison, a concocté un bon menu gastronomique étalé sur trois jours et quatre scènes. Si vous ajoutez simultanément quelques artistes se produisant pour des sponsors ayant étal sur rue, vous jouez dans un remake de La Grande Bouffe. Compte-rendu diététique.

Vendredi 11 juin

 Une chaleur subite et tropicale accablante fait bouillir la marmite.
Dave Weld & The Imperial Flames
 : ils mouillent leur chemise de toute façon, à la Lil’ Ed : sautillant et slide rageuse. Abb Locke, grave, au ténor retenu. Leurs titres Delmark bénéficient de ces bouffées de chaleur.
Mary Lane & The No Static Blues Band
 : malgré l’intensité de Rockin’ Johnny (g), le band à l’inverse de son nom et Mary Lane n’entraîne personne dans son répertoire de bar. Dommage : sa voix mérite mieux.
Grady Champion
 : pé-ni-ble et irritant ! Il déploie ici, à Chicago, tant en club qu’au festival, une énergie vocale caricaturale dans un répertoire usé jusqu’au dernier cliché de son harmonica boursouflé alors qu’il est capable d’exprimer un soul blues sudiste ressenti. Qui est-il réellement ?
 


Dave Weld & the Imperial Flames © André Hobus


Mary Lane et Rockin' Johnny © André Hobus
 


Grady Champion © Brigitte Charvolin
 

Sam Lay : se consacrant davantage au chant (belle voix prenante) et au country blues à la guitare, l’ex-batteur vedette, toujours aussi inventif quand il s’y met, réussit bien sa reconversion.
Jimmy Dawkins
 : en petite forme malgré quelques beaux éclats de guitare, il devra déclarer forfait pour le Reggies ; je n’ai pas attendu l’arrivée de Tail Dragger (vo).


Sam Lay © Brigitte Charvolin
 


Jimmy Dawkins © Brigitte Charvolin
 


Tail Dragger © Brigitte Charvolin
 

Cafe R & B : la dynamique de leur prestation m’épate chaque fois. Groupe soudé, guitare précise et mordante de Byl Carruthers, vocaux et danse Tina Turner et Ikettes réunies par Roach, leur chanteuse black, blonde et sexy. Quel punch dans des covers revivifiées.
Big George Brock & The Houserockers
 : voix et harmonica down home, belle présence en costume trois-pièces et groupe mississippien bien rôdé. Tradition vivante.



Byl Carruthers et Roach (Cafe R&B) © André Hobus
 


Big George Brock © Brigitte Charvolin
 

Hommage à Howlin’ Wolf : les bluesmen associés à ce géant font plaisir à entendre mais attristent mes souvenirs (1975). Sous la direction d’Eddie Shaw (vo, s), tous ou presque jouent assis la nostalgie : Jody Williams (g), Abb Locke (s), Hubert Sumlin (g, sous oxygène), Sam Lay (vo, délaisse la batterie), Shorty Gilbert (b), Henry Gray (p), Corky Siegel (hca) et Vaan Shaw (dont la guitare à triple manche me semble inutile). Kenny Smith (dm) assure. Tournons la page.


Jody Williams et Eddie Shaw
© Brigitte Charvolin

 
  Vaan Shaw et Abb Locke © Brigitte Charvolin
 


Hubert Sumlin et Vaan Shaw © Brigitte Charvolin
 

Otis Taylor : son “culturalisme racinien” m’ennuie à chaque prestation, tant par sa non-présence scénique et vocale que ses longs solos verbeux de guitare (Hey Joe, par ex.). Seul intérêt dans son “sound” actuel : la présence dynamique et sexy de la violoniste Anne Harris et, sur la grande scène uniquement, Chuck Campbell à la steel guitar ; sinon…


Otis Taylor © Brigitte Charvolin
 


Anne Harris © Brigitte Charvolin
 

James Cotton : il se porte mieux et souffle toujours avec punch un harmonica nerveux, précis et bien rauque ; Darrell Nulisch assure les vocaux. Matt “Guitar” Murphy, bien que sous traitement médical, se débrouille petit à petit, retrouvant sa verve habituelle.
Enfin, cette première journée officielle se termine avec Zora Young
dont je n’apprécie que modérément l’abattage.


James Cotton © Brigitte Charvolin


Matt “Guitar” Murphy © Brigitte Charvolin
 


James Cotton et Matt “Guitar” Murphy © Brigitte Charvolin
 


Darrell Nulisch © Brigitte Charvolin
 


Zora Young © Brigitte Charvolin
 

Visibilité aux bluesmen locaux sur la scène Windy City Blues Society : Rob Stone (vo, hca), Chris James (vo, g) et Patrick Rynn (b), souvent Kenny Smith à la batterie (beau shuffle) accueillent leurs invités : Sam Lay (vo), Bob Riedy (p) ou quelques inconnus. 100 % tradition swinguée.
De même pour le Kilborn Alley Blues Band
(un peu en manque de leader visuel) et les Cash Box Kings, toujours aussi sûrs de goût (comment pourrait-il en être autrement avec Billy Flynn (g), Jimmy Sutton (ctb) et un bon chanteur noir, Oscar Wilson ?!).
Chris Harper
(vo, hca), Suisse au lourd accent allemand (heureusement pas au chant) mouille son t-shirt partout où il peut (et c’est bon !) et se fait accompagner principalement par Toronzo (g, vo) et ses gars cuivrés. Mêmes remarques positives pour l’équipe Steve Freund (g) : Dave Specter (g), Bob Stroger (b), Kenny Smith (dm) et Barrelhouse Chuck (p). Et je n’ai pas tout vu !


Rob Stone (vo, hca) et Patrick Rynn (b) © André Hobus


Oscar Wilson et Jimmy Stutton (Cashbox Kings) © André Hobus
 


Toronzo et Chris Harper © André Hobus
 


Steve Freund © André Hobus
 


Bob Stroger et Kenny Smith © André Hobus
 

Samedi 12 juin

Nora Jean Wallace (ex-Bruso) : imposante chanteuse classique Chicago blues-soul-gospel qui ne m’émeut pas beaucoup, malgré de bons CD.
Andre Williams : ah oui ! Portant beau ses 74 ans, d'une voix profonde ironique, il parcourt avec aisance et élégance son répertoire délicieusement “double entendre” rétro à la tête d’un groupe garage ténorisé et 2 go-go girls burlesques. Spectacle assuré !


Nora Jean Wallace © Brigitte Charvolin
 


Andre Williams © Brigitte Charvolin
 


Andre Williams © André Hobus
 

Toronzo & Cannonball Express : j’aime le sound gras de son soul blues à la Albert King et ses cuivres balançants, moins les débordements rock du final.
Sugar Blue : fait du Sugar Blue, c-à-d de l’harmonica diurétique.


Toronzo © Brigitte Charvolin
 


Sugar Blue © Brigitte Charvolin
 

Sonny Rhodes : longs solos posés, lap steel bien tempérée. La surprise vient de son guitariste dansant, aérien et excitant, inconnu jusqu’alors, Gary Martin (« The celestial musician » sic !). Une révélation, confirmée au Reggies.
Nellie “Tiger” Travis : la maturité vocale lui sied avec l’âge, tant qu’elle échappe aux clichés Koko Taylor-Tina Turner.


Sonny Rhodes © Brigitte Charvolin
 


Gary Martin © Brigitte Charvolin
 

Bobby Parker : la claque ! Précision des arrangements inédits (ténor-harmonica) mélodieux, sound saturé sans excès de sa guitare façon Flyin’ V, répertoire soul blues classieux et timbre vibrant, il nous ravive même quelques sempiternels classiques, tout en intériorité. Au Reggies, il sera encore plus prenant. LE bluesman du week-end (et au-delà).
Chicago Blues: A Living History : ou, en live, la re-création de leur double CD presque victorieux aux Grammy Awards, et le Maire d’Aulnay-sous-Bois (co-initiateur du projet) en tête avec les discours d’usage. Billy Boy Arnold (vo, hca), John Primer (g, vo), Billy Branch (hca), Lurrie Bell (vo ,g) et Carlos Johnson (vo, g) revisitent avec goût l’évolution du blues de Chicago.


Bobby Parker © Brigitte Charvolin
 


Billy Boy Arnold © Brigitte Charvolin
 


Lurrie Bell © Brigitte Charvolin
 


John Primer, Lurrie Bell, Carlos Johnson, Billy Branch © Brigitte Charvolin
 

Je n’ai pas pu m’empêcher d’aller saluer la constante qualitative de Bob Corritore (hca) et de ses acolytes doués, dont Bob Riedy (kbd), Bill Lupkin (hca), malgré la pluie battante qui menace les amplis et les micros.

 
Bob Corritore et Sam Lay © André Hobus


Bob Riedy © André Hobus
 

Dimanche 13 juin

Le pré-festival commence traditionnellement le matin en “off” au Jazz Record Mart de Bob Koester où les artistes Delmark viennent jammer au milieu des disques et des doughnuts-café. Vus : Willie Buck (vo), Pierre Lacoque (hca) et quelques complices de son Mississippi Heat, Dave Weld (vo, slide) et autres Rockin’Johnny (g) et John Primer (b, g).


John Primer, Rockin' Johnny et Willie Buck © André Hobus
 

 
Little Al Thomas, Kenny Smith, John Primer © André Hobus

Dancin’ Perkins : effectivement, mais au son d’un répertoire de bar par trop entendu.
Guitar Shorty : set violent, lourd mais personnel, comme les CD. Le vétéran de Los Angeles plaît au public rock.
Bobby Rush : seul sur la mini scène du Mississippi Juke Joint, il assume avec sa verve campagnarde habituelle avant d’être rejoint petit à petit par ses musiciens. Applaudissements chaleureux.


Dancin' Perkins © Brigitte Charvolin
 


Guitar Shorty © André Hobus
 


Bobby Rush © Brigitte Charvolin
 

Homemade Jamz Blues Band : avec papa à l’harmonica, le jeune trio du Mississippi grandit dans un soul blues de plus en plus saturé. La fraîcheur originelle s’en va.
Lil' Ed en homme-orchestre, secondé par son guitariste Mike Garrett, ça fait plaisir !


Kyle et Ryan Perry © Brigitte Charvolin
 


Taya Perry © Brigitte Charvolin
 


Lil' Ed © André Hobus
 

Erwin Helfer’s Chicago Boogie Woogie Ensemble : classique et classieux. Sa complice vocale de toujours, Katherine Davis, assume la nostalgie du répertoire.
Vivian & Vance “Guitar” Kelly & The Backstreet Blues Band : le volume est tel qu’il m’a fait fuir malgré les boules Quiès. J’ai cru entendre de la soul.


Erwin Helfer © Brigitte Charvolin
 


Katherine Davis © Brigitte Charvolin
 


Vance Kelly © Brigitte Charvolin
 

Chicago Blues Reunion : ils nous font encore comprendre à quel point nous sommes passés à côté des groupes américains post-Butterfield, blues boom britannique oblige. Nick Gravenites (vo, g) ou Monsieur Buried alive in the blues / Born in Chicago ; Barry Goldberg (kbd) ; Corky Siegel (vo, hca), dont deux titres swinguant à l’unisson avec deux jeunes violonistes ; Harvey Mandel (g), toujours borderline rock mais du côté mélodieux. Sa reprise du Christo Redemptor de Charlie Musselwhite (hca) – impeccable comme d’habitude – dans les tonalités de l’harmonica fut tout en beauté. Enfin, Sam Lay (vo), resplendissant en blanc, cape argentée et, en finale, guirlande électrique autour du cou (!) puncha les derniers titres… en compagnie de James Cotton, debout, et soufflant un harmonica féroce, ses deux compères riffant à tour de rôle. Excitant !
TK Soul : volume intenable pour sa soul-zydeco (?)


Harvey Mandel et Corky Siegel © Brigitte Charvolin
 


Nick Gravenites © Brigitte Charvolin
 


Sam Lay © Brigitte Charvolin
 


James Cotton, Sam Lay, Corky Siegel, Charlie Musselwhite © André Hobus
 


TK Soul © Brigitte Charvolin
 


Cookie Taylor, Sugar Blue, Charlie Musselwhite, James Cotton © André Hobus
 


Depuis Petrillo Shell dans Grant Park © André Hobus
 

Dans les clubs, la programmation est aussi alléchante. Deux soirées fortes. Celle du Reggies, déjà évoquée, avec la découverte d’Emmett “EJ” Henning, un bluesman Southside pur jus et Ardella Williams, fille de Jazz Gillum, en chanteuse Bluebird classique. Je n’ai pu résister jusqu’à 3h30 du matin pour Charles Hayes, Smiley Tillman, Cadillac Zack…


Emmett “EJ” Henning © André Hobus
 


Andrella Williams © André Hobus
 


Bobby Parker au Reggies © André Hobus
 

Au SPACE (Evanston), le mini festival “Harp & Soul” réchauffe l’air climatisé. Willie Smith, Bob Corritore, Rob Stone et Grady Champion en sont les maîtres harmonicistes avec des accompagnateurs rôdés et inventifs (Billy Flynn, Bob Stroger, Chris James, Patrick Rynn, Kenny Smith…) et des invités de qualité : Sam Lay, Dave Specter et Bob Riedy. Quel régal !

Autre soirée étonnante au SPACE : Morry Sochat & The Special 20’s et Guy King Little Big Band. Le premier est, de nouveau, un chanteur-harmoniciste culturel à la technique sûre tandis que le second propose un style B.B. King années 70 remarquablement typé, exécuté et prenant, super au point alors que ses CD sonnent sans tension.

 

Quant au Legends, ancien et nouveau, j’y ai apprécié :
Reverend Raven & his Chain Smokin’ Altar Boys (!) : groupe excitant de Milwaukee, avec un vrai leader précis (vo ,g) et, nouvelle formule, un ténor R&B 50’s en lieu et place de son traditionnel harmoniciste ; un régal !
La soirée de lancement du festival, qui a vu défiler : Billy Branch (vo, hca) ; Blues in Schools (vo, hca) ; Otis Clay (vo) ; Vino Louden (vo, g) ex-première guitare chez Koko Taylor ; Marty Sammon (kbd), dix ans chez Otis Rush ; Carlos Johnson (vo, g)-Matthew Skoller (vo, hca) : extra ; Dave Herrero (g, vo), entre Texas et Chicago sans copie de SRV ; Nellie Travis (la maturité vocale lui sied bien) ; Otis Taylor (heureusement secondé par une violoniste dynamique, Anne Harris) ; Buddy Guy (vo) avec Sugar Blue (hca) : impeccable tous deux… Lonnie Brooks et ses fils Ronnie et Wayne attendant leur tour…
Il n’y a pas que le décalage horaire à récupérer…
André Hobus


Billy Branch et des élèves de Blues in Schools © Brigitte Charvolin
 


Blues in Schools © Brigitte Charvolin
 


Vino Louden © Brigitte Charvolin
 


Otis Clay © Brigitte Charvolin
 


Anne Harris et Otis Taylor © Brigitte Charvolin
 


Nellie “Tiger” Travis © Brigitte Charvolin
 


Carlos Johnson et Matthew Skoller © Brigitte Charvolin
 


Buddy Guy © Brigitte Charvolin
 


Billy Branch, Ronnie Baker Brooks, Carlos Johnson © Brigitte Charvolin
 


Ronnie Baker Brooks, Lonnie Brooks, Wayne Baker Brooks © Brigitte Charvolin
 


Au Legends © André Hobus


Lonnie Brooks, Buddy Guy, Ronnie Baker Brooks © André Hobus