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Chroniques / 03.06.2022

Charlie Musselwhite, Mississippi Son

Éternel Charlie Musselwhite  ! Revenu s’installer dans son Mississippi natal, il nous offre à 78 ans un album qui marque un véritable retour aux sources. Un album sur lequel, en parfait adepte du contre-pied qu’il est, outre son légendaire jeu d’harmonica, il donne à apprécier ses talents de guitariste puisqu’il joue de la six-cordes sur l’intégralité des titres. 

Accompagnement minimaliste, jeu épuré à souhait, motifs et voix hypnotiques, variété des accordages, Musselwhite, qui a fait son apprentissage dans le Memphis des années 1950 au contact de Furry Lewis ou Will Shade, maîtrise à la perfection les codes du country blues. Aux côtés des reprises de Big Joe Williams (Crawling king snake), Charley Patton (Pea vine blues) ou John Lee Hooker (Hobo blues), ses propres compositions à forte teneur autobiographique ne déparent pas. Blues up the river, Stingaree ou Remembering Big Joe, formidable hommage à celui qui fut son ami et colocataire durant une partie de ses années à Chicago, sont assurément des temps forts de ces quatorze titres, évidemment enregistrés à Clarksdale, au cœur du Delta en une petite semaine, à peine. 

Profondément habité par une musique qu’il vénère et incarne comme personne, il transforme en blues tout ce qui lui passe entre les mains, en témoignent ses relectures poignantes de Rank strangers popularisé par les Stanley Brothers et du The dark de Guy Clark. « Le blues, nous confie cet inlassable prêcheur dans Blues gave me a ride, dit la vérité dans un monde empli de mensonges. » Éternel Charlie Musselwhite, décidément  ! 

Nicolas Deshayes

Note : ★★★★½
Label : Alligator
Sortie : 3 juin 2022