L’insatiable musicien californien épaissit son incroyable discographie en cosignant ce nouvel album avec la guitariste Ella Feingold, élève du légendaire Spanky Alford ayant collaboré avec Erykah Badu, Queen Latifah ou The Roots. 

Mélange iconoclaste de jazz, de soul et de funk instrumental, ce disque, composé de 15 morceaux enivrants aux titres aussi évocateurs que There’s still a riot goin’ on, Nasty ain’t it !? ou Agitated fonk apporte une gigantesque bouffée d’air frais à une industrie musicale engoncée dans ses conservatismes. Pas étonnant de la part de deux artistes qui n’ont eu de cesse durant toute leur carrière de marquer leurs différences, à commencer par le choix de leurs instruments. Hunter, également en charge de toutes les parties de batterie en re-re (!), imbibe sa basse-guitare hybride de grandes rasades de crunch, wah-wah, trémolo et reverb tandis que Feingold, décrite par Charlie comme « l’une des guitaristes les plus méchantes et les plus juteuses de la planète », joue sur une Fender à accordage inversé, ouvrant la voie à des tournures harmoniques et des voicings inaccessibles autrement. L’objectif du duo : « S’engager dans des conversations dynamiques et improvisées, créant un échange interactif qui explore le rythme, l’espace et les textures sonores. » Le tout sans un seul solo… Juste ciel, que c’est bon !

Au fil de ces grooves rogues et équivoques, on pense à Miles ­Davis (le minimalisme funky, l’exploration obsessionnelle des thèmes), à Sly Stone (la prise de son mate, les basses rampantes), à John Scofield (l’amalgame de blues et de dissonances), au dernier Jubu Smith (produit par… Charlie Hunter) qui suintait déjà du même bonheur de jouer et procurait la même jouissance d’écoute. Unique. Moderne. Incontournable. 

Ulrick Parfum

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : SideHustle
Sortie : 4 juillet 2025