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Live reports / 14.05.2011

Centième Anniversaire de la naissance de ROBERT JOHNSON (1911-1938)


 

Sainte-Colombe (69) – 14 Mai 2011

 

Annoncé comme un évènement national, cet hommage à Robert Johnson, « The King of the Delta Blues », organisé par la Black Jack Blues Association sous la direction de son dynamique président Jacques “Black Jack” Garcia, rassembla de nombreux passionnés dans la petite ville de Sainte-Colombe (69), au sud de Lyon sur la rive droite du Rhône.

 

11h00 – Invités pour l’occasion, Steven Johnson (petit-fils de Robert Johnson) et son épouse Sheila Johnson, accompagnés par l’ethnomusicologue David Evans (Université de Memphis) furent accueillis de façon très protocolaire par la municipalité de Sainte-Colombe avec remise de médaille de la ville par monsieur le maire en présence de monsieur Mark Andrew Schapiro, consul des Etats-Unis d’Amérique et de nombreuses personnalités.

Après les discours d’usage et la présentation du déroulement des festivités, l’ami Black Jack et quelques artistes présents offrirent au nom de l’association des œuvres originales pour la Fondation Robert Johnson (Crystal Springs, Mississippi) que gère Steven Johnson et ses frères.

Cette cérémonie se terminait par un vin d’honneur suivi d’un repas offert par la municipalité de Sainte Colombe.

 
© Jean-Philippe Porcherot


David Chassaing offrant une oeuvre à Steven Johnson © Jean-Philippe Porcherot


M.A. Schapiro, Steven Johnson, Black Jack et David Evans © Jean-Philippe Porcherot

14h30 – La conférence sur le thème « Vie et œuvre de Robert Johnson » attira près d’une centaine de participants. Après une courte présentation par Steven Johnson de ses liens familiaux avec Robert Johnson (son grand-père) et Claud Johnson (son père), le travail très documenté de David Evans permit de mettre en valeur et de mieux comprendre la personnalité de Robert Johnson à travers l’étude détaillée des chansons enregistrées par l’artiste lors des deux sessions de 1936 (San Antonio, Texas) et 1937 (Dallas, Texas). L’ethnomusicologue insista par ailleurs sur la thématique « Diable, croyances et magie noire » fréquemment abordée dans ces textes et qui contribue encore de nos jours à présenter à  présenter cette icône du delta blues sous une image quelque peu « sulfureuse ».

La traduction simultanée assurée par le guitariste-chanteur américain Mike Greene favorisa une participation active du public par un échange questions-réponses avec les intervenants.

 
© Jean-Philippe Porcherot

20h30 – Cette soirée musicale se voulait le point d’orgue de ce week-end festif. Les spectateurs, venus en nombre, ne s’y trompèrent pas, ovationnant David Evans qui assurait la première partie dans un style folk blues très apprécié. Jeu de guitare électro-acoustique excellent techniquement et voix parfaitement assurée, David Evans puisa son  répertoire composé essentiellement de reprises dans son CD “Match Box Blues”, mettant en valeur des titres comme Candy man ou Prison bound blues.

Il fut rejoint sur scène  par la mandoline de Mike Greene sur deux morceaux dont l’un soutenu par l’harmonica de Jorge Ramirez. Cette prestation se termina en solo par un spiritual, composition personnelle de l’artiste.


David Evans © Jean-Philippe Porcherot


Mike Greene © Jean-Philippe Porcherot
 


Jorge Ramirez © Jean-Philippe Porcherot
 

Beaucoup d’émotion à l’issue de ce concert qui laissait place en seconde partie à une formation originale mise sur pied par Black Jack qui en avait confié la direction artistique au chanteur-guitariste Hassen Gamaz pour un hommage à l’œuvre de Robert Johnson. Le concept Robert Johnson Birthday Tributes présentait donc sur scène, outre Hassen Gamaz, Vincent Bucher (harmonica, chant), Mike Greene (guitare, mandoline, chant), Tomek Dziano (guitares, chant), Christian Benard (piano, chant), Pascal Rosiak (accordéon), Fred Jouglas (contrebasse) et Stéphane Ranaldi (batterie). Du beau monde qui annonçait un set agréable proposant des standards de Robert Johnson parmi les 29 titres enregistrés par l’artiste et qui sont désormais références dans le monde du blues. Chacun apporta sa pierre à l’édifice, faisant bénéficier le groupe de son talent individuel. L’exercice, difficile car chacun doit mettre son ego de côté, faillit bien déraper en raison du jeu par trop exubérant et suramplifié d’un Hassen Gamaz plaçant la barre techniquement assez haut mais étouffant quelque peu ses compères par sa volubilité. Seuls le charisme et l’autorité naturelle d’un Vincent Bucher, remarquable en tout point, surent maintenir la cohésion de l’ensemble.


Vincent Bucher © Jean-Philippe Porcherot
 


Hassen Gamaz © Jean-Philippe Porcherot


Fred Jouglas © Jean-Philippe Porcherot


Stéphane Ranaldi © Jean-Philippe Porcherot


Pascal Roziak et Tomek Dziano © Jean-Philippe Porcherot


Vincent Bucher, Stéphane Ranaldi, Fred Jouglas, Pascal Roziak © Jean-Philippe Porcherot

Cette même formation accompagna en troisième partie de soirée Steven Johnson, excellent chanteur, dont la stature et la puissance vocale en imposèrent d’emblée à ses amis musiciens d'un soir. Tous se mirent humblement à son service et l’artiste, pour son premier concert en Europe, reçu les ovations d’un public enthousiaste. Une présence scénique associée à une bonne dose de bonne humeur, Steven Johnson, sans jamais se prendre réellement au sérieux, montra un plaisir évident à chanter sur cette scène de la Verrière des Cordeliers en si bonne compagnie les standards indémodables de son grand-père. Ce vibrant hommage à Robert Johnson se termina en apothéose avec ce Sweet Home Chicago si maintes fois galvaudé qui retrouvait ici toute sa légitimité. David Evans, Black Jack (harmonica) et Jorge Ramirez (harmonica) avaient rejoint sur scène pour ce final un Steven Johnson euphorique qui incita chacun des musiciens à se mettre en évidence par un petit solo.

Salves d’applaudissement et standing ovation spontanée pour cette soirée de pur bonheur.

 
Steven Johnson © Jean-Philippe Porcherot


Vincent Bucher, Stéphane Ranaldi, Steven Johnson © Jean-Philippe Porcherot


David Evans, Fred Jouglas, Steven Johnson, Pascal Roziak, Tomek Dziano, Mike Greene © Jean-Philippe Porcherot

Ampuis (69) – 15 Mai 2011

 

Rendez-vous était pris pour le lendemain, dimanche après-midi, au juke-joint Au “Mi” Lieu du Blues à Ampuis (69), siège de l’association, pour quelques joutes musicales informelles entre les musiciens encore présents (Black Jack, Fred Jouglas, Christian Benard, Jorge Ramirez,…) avec la participation du duo Honky Donk, question de terminer dans la convivialité cette rencontre avec des personnalités aussi attachantes que Steven Johnson, son épouse Sheila Johnson (qui montra ici de réels talents de chanteuse) et David Evans lequel, rappelons le, est membre honoraire de la Black Jack Blues Association.

 
Sheila Johnson, Christian Benard, Steven Johnson, David Evans © Jean-Philippe Porcherot


David Evans © Jean-Philippe Porcherot


Christian Benard, Black Jack, Steven Johnson et le duo Honky Donk © Jean-Philippe Porcherot
 

A noter que des bouteilles de vin Côtes du Rhône de la cave Vidal-Fleury, étiquetées à l’effigie de Robert Johnson, furent proposées à la vente et qu’une visite de cette cave, partenaire de la manifestation, était programmée le dimanche matin.

 
© Jean-Philippe Porcherot

Une bien belle initiative que ce week-end célébrant le 100e anniversaire de la naissance de Robert Johnson, peut-être le seul de cette ampleur en Europe, à mettre à l’actif de la Black Jack Blues Association et de son président qui ne cesse de nous surprendre.

N’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’association pour y découvrir sa programmation régulière : http://blackjackbluesasso.free.fr

Jean-Philippe Porcherot