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Live reports / 23.07.2022

Celeste, Philharmonie de Paris, Festival Days Off

13 juillet 2022.

Découverte fin 2019 en première partie de Michael Kiwanuka (Soul Bag y était), la chanteuse britannique n’a pas eu de chance avec le calendrier : son tube Love is back et son album “Not Your Muse” sont sortis en pleine période de confinements, et elle n’avait jusqu’ici pas eu l’occasion de défendre sa musique sur scène. Joli coup donc de la part du festival Days Off qui lui fait une place méritée au sein de sa programmation hétéroclite, entre Camille et Jarvis Cocker, notamment.

Malgré une programmation en veille de week-end prolongé, la superbe salle de la Philharmonie est copieusement remplie pour l’entendre enfin. Difficile en ouverture d’accrocher à la pop sophistiquée de Lossapardo (qui précise qu’il est un ami de Celeste…), d’autant que son jeu de scène – il reste assis même quand il ne joue pas de guitare – est quasi-inexistant.

Celeste n’est pas là non plus pour assurer le show : en dehors de quelques pas de danse et d’une descente dans le public pour chanter Love is back au plus près des premiers rangs, la chanteuse ne quitte quasiment pas son pied de micro et se limite à des mouvements de main pour appuyer son chant, elle n’est d’ailleurs pas non plus bavarde, se contentant de remerciements épars, de courtes introductions pour les morceaux inédits et d’une présentation des musiciens – un très bel orchestre, avec deux cuivres et une violoncelliste, dont je n’ai hélas pas attrapé les noms.

C’est donc la musique elle-même qui occupe le cœur du concert, et le résultat est à la hauteur des espoirs. Introduite sur scène par un instrumental, c’est a cappella, puis rejointe par le violoncelle, que Celeste ouvre son récital avec le très intense Ideal woman, qui était également le premier morceau de l’album. Son chant habité et sa quasi-immobilité au micro ont un effet hypnotique, et l’entrée dans son univers est immédiate. Étrangement, elle ne joue que quatre morceaux issus de “Not Your Muse” et accorde une place importante aux titres plus anciens issus en particulier du EP “Lately”. Il faut dire que des titres comme Father’s son ou Both side of the moon n’ont rien à envier à ses compositions plus récentes et que l’ensemble, au parfum doux-amer, porte la marque d’une écriture cohérente et que ses interprétations très intenses viennent encore les sublimer.

Si Love is back, très attendu, est un succès mérité, le public accorde une réception aussi enthousiaste à l’inédit – magnifique – Only time will tell. C’est sur Strange, un de ses titres les plus puissants, que se termine le concert, comme il avait commencé, avec la voix de Celeste et l’accompagnement du violoncelle, et la chanteuse semble quitter la scène comme pour la fuir. L’ensemble est un peu court – même pas une heure – et le public en réclame un peu plus. Celeste finit par se laisser convaincre de revenir pour un titre – une nouvelle chanson, dont elle dit que c’est la première fois qu’elle la chante sur scène –, même si elle ne semble pas très à l’aise avec les spectateurs qui se sont massés à ses pieds après être restés sagement assis pendant tout le concert. L’ovation qui lui est réservée à l’issue de ce rappel est à la hauteur de la qualité de sa prestation. Il faudra compter sur Celeste dans les prochaines années.

Texte : Frédéric Adrian