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Hommages / 24.04.2019

Cash McCall, 1941-2019

Blues, jazz, soul ou gospel. Guitariste, chanteur, auteur-compositeur, producteur. Visiblement, celui qui était né à New Madrid, dans le Missouri, sous le nom de Maurice Dollison, n’a jamais su choisir, et cette versatilité exacerbée a sans doute impacté sa visibilité auprès des amateurs… Installé à Chicago à partir du début des années 1960, il fait ses débuts sur la scène gospel de la ville au sein des Gospel Songbirds (où il croise la route d’Otis Clay) et des Pilgrim Jubilee Singers, avant de se lancer dans une carrière séculière avec un premier disque sous son nom, The earth worm, paru sur M-Pac!. C’est cependant sous le pseudonyme de Cash McCall – qu’il n’est pas le seul à utiliser – qu’il attaque réellement sa trajectoire en solo avec une série de 45-tours publiés pour Checker et Thomas, dont When you wake up qui atteint la 19eplace du classement R&B de Billboard

Mais c’est en coulisses qu’il s’impose comme musicien de studio, auteur-compositeur et producteur, travaillant essentiellement pour Chess et ses labels associés. Etta James, Laura Lee, Rotary Connection, Irma Thomas, Little Milton, Marlena Shaw, Mitty Collier, Koko Taylor, Howlin’ Wolf et Muddy Waters enregistrent ses chansons, mais aussi, pour d’autres labels, Tyrone Davis, Garland Green, Junior Parker, Bobby Rush, Denise LaSalle ou son ami Otis Clay. En tant que producteur, il travaille entre autres avec Laura Lee, Tommy Tucker, Howlin’ Wolf (l’album de 1971, “Message To The Young”) et Etta James, tout en accompagnant en studio des artistes aussi divers que les Dells, Brother Jack McDuff et la harpiste Dorothy Ashby. 

Chateauneuf-du-Pape, novembre 1987.
Avec Phil Guy, Orange, 1983.

Il relance sa carrière personnelle au milieu des années 1970 avec l’album “Omega Man”, paru sur Paula, tout en travaillant régulièrement comme musicien de session – pour Inez Andrews,  Natalie Cole, Harvey Mason, entre autres – et de scène – il est dans l’orchestre d’Etta James lors de son passage à Montreux en 1978. 

Les années 1980 le voient se réorienter vers le blues, avec un album pour L+R (“No More Doggin’”), quelques séances pour des labels européens (avec Margie Evans et Syl Johnson notamment), sa participation à l’édition 1985 de l’American Folk Blues Festival ressuscité et surtout son implication, comme accompagnateur et producteur associé, dans l’album “Hidden Charms” de Willie Dixon. Sa collaboration avec Dixon au sein des All Stars de celui-ci lui permet de participer à la “Celebration of Blues and Soul” organisée en 1989 dans le cadre des cérémonies inaugurales de la présidence Bush. Un nouvel album solo, “Cash Up Front”, paraît également à la fin de la décennie. 

Chicago, 2013.

Discret à partir des années 1990, il se produit occasionnellement avec les Chicago Rhythm and Blues Kings, passant notamment au Méridien en 1998, et publie dans l’indifférence générale en 2007 “The Vintage Room” (crédité à The Blues Experience with Cash McCall). Malgré une santé déclinante, il avait publié fin 2018 un dernier album partagé avec Benny Turner, “Going Back Home”, chroniqué dans notre dernier numéro.

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Brigitte Charvolin

Chicago, 2015.
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