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Brèves / 04.06.2012

Carrie Smith, 1926-2012

La chanteuse de jazz et de blues Carrie Smith nous a quittés le 20 mai 2012 à Inglewood dans le New Jersey, des suites d’un cancer selon ses proches, à l’âge de 86 ans. Née Carrie Louise Smith à Fort Gaines en Georgie le 25 août 1925 (et non en 1941 comme on le lit parfois), elle suit sa famille qui s‘installe en 1932 à Newark dans le New Jersey. Aux côtés de ses parents et d’autres membres de sa famille, elle débute de façon traditionnelle à l’église (elle citait Mahalia Jackson parmi ses premières inspirations), mais outre le gospel, elle s’intéresse à d’autres grandes chanteuses très influentes à différentes époques, de Bessie Smith à Billie Holyday en passant par Dinah Washington. Ses premières apparitions, notamment en 1957 au festival de Newport au sein du Back Home Choir of the Greater Harvest Baptist Church, la rattachent d’ailleurs encore au gospel. Elle s’en éloigne toutefois peu à peu dans les années 1960 pour chanter davantage de blues, par exemple en 1961 au Town Hall de New York, même si elle officie souvent pour cela dans des orchestres de jazz comme ceux du pianiste Big Tiny Little et du tromboniste et vibraphoniste Tyree Glenn. Sa voix puissante de contralto, agrémentée d’un voile bien à elle, est suffisamment singulière pour lui permettre d’évoluer dans de nombreux registres… et d’attirer l’attention sur elle ! Ce sera le cas en 1974, quand elle joue le rôle de Bessie Smith dans le spectacle de Dick Hyman Satchmo Remembered au Carnegie Hall, d’autant que le show « s’exporte » jusqu’en Europe et en Union soviétique. La chanteuse, désormais plus connue à l’étranger que dans son pays, entame en parallèle une carrière discographique avec « Confessin’ The Blues » en 1976 (elle signera une quinzaine d’albums jusqu’en 2002, dont plusieurs pour le label français Black & Blue) et continue de se produire avec des groupes de jazz. Ensuite, durant deux ans, de janvier 1989 à janvier 1991, elle fait partie de la revue Black and Blue à Broadway (rien à voir cette fois avec le label, même si cette revue à des origines parisiennes…), qui donne 829 représentations et permet à Carrie Smith d’être enfin justement reconnue sur ses propres terres… L’âge et la maladie l’avaient éloignée des scènes et des studios ces dernières années, mais son timbre sensuel la maintiendra en pleine lumière pour l’éternité, même quand elle chante In the dark.

Daniel Léon