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Chroniques / 08.10.2021

Carolyn Wonderland, Tempting Fate

Peu connue de ce côté-ci de l’Atlantique, l’Américaine Carolyn Wonderland est à la tête d’une solide discographie dont l’unique faiblesse est d’avoir été publiée sur des labels à rayonnement limité. La puissance promotionnelle d’Alligator devrait changer la donne, d’autant que “Tempting Fate” est d’un niveau équivalent à ses meilleures productions passées (“Alcohol & Salvation” en 2001, “Peace Meal” en 2011). 

Son implication est totale (une habitude chez elle) et son jeu de guitare sonne typiquement texan (attaque cinglante, sonorité crunchy bourrée de dynamique, recours fréquent aux doubles notes pour bien remplir l’espace – un art que seuls les habitués des concerts en trio, dépourvus de soutien harmonique, savent maîtriser). Quant à son chant tout-terrain, il témoigne d’une habilité peu commune pour retranscrire ses différents états d’âme, sans excès ni pathos. Généreuse, incapable de tricher ou de dissimuler, Wonderland propose un songwriting à spectre large constitué de boogie brûlant (Fragile peace and certain war, traversé de parties de slide saignantes), de shuffle identitaire (Texas girl and her boots, avec Marcia Ball au piano), de slow blues tord-boyaux, d’émouvante ballade country (Crack in the wall) ou de pièce jazzy blues (On my feet again). 

Elle réussit aussi à personnaliser ses reprises, qu’il s’agisse du Loser de Jerry Garcia ou du pourtant rabâché It takes a lot to laugh, it takes a train to cry de Bob Dylan. La production de Dave Alvin, bien que discrète, confère beaucoup de caractère au disque, mettant en valeur le travail des accompagnateurs (son fidèle groupe de scène), l’apport parfois décisif des invités (Red Young à l’orgue, Cindy Cashdollar à la lap-steel, Jan Flemming à l’accordéon) et les spécificités de chacune des compositions. De la belle ouvrage.

Ulrick Parfum

Note : ★★★★
Label : Alligator
Sortie : 8 octobre 2021

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