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Chroniques / 05.06.2020

Bruno Major, To Let A Good Thing Die

Des visuels de singles et d’albums comme des quadrants de navigation invitant à voyager blotti dans le creux de sa paume. Bruno Major continue de tracer tout en finesse la cartographie de son univers révélé au grand jour à travers les douze phases de son très recommandable “A Song For Every Moon” (2017).

Encore plus recueilli et plus concis, ce deuxième album ressert la focale sur les chansons, sur les mélodies, sur un spleen réconfortant. Fine lame à la six-cordes qui aime notamment jammer jazz (funk) sur scène, le trentenaire britannique déploie d’autres talents en studio. Ses grooves feutrés avancent tout en retenu et cultivent habilement les interstices de leurs vibrations organiques. S’y glissent alors cordes et claviers ciselés totalement dévoués à soutenir un chant sobre délicatement articulé pour souffler sur les belles tournures d’un songwriting affûté. On pourrait souligner sa progression harmonique, ses beaux ornements en arpèges ou les remous de sa caisse claire, mais ce qu’on retient avant tout d’une chanson comme Nothing c’est, sous ses airs de berceuse, la force tranquille d’une déclaration d’amour complice.

Ce même art du dosage irrigue la nostalgie douce-amère de Regent Parks, le romantisme gentleman de Old fashioned, la sagesse résignée de To let a good thing die ou encore la mise en perspective du merveilleux Tapestry. Cet homme qui confie « passer ses journées à écouter de la vieille soul » (Old soul) a le chic pour sculpter des pièces intemporelles. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : AWAL
Sortie : 5 juin 2020

Bruno MajorNicolas TeurnierSoul Bag 239