;
Live reports / 22.07.2010

BOOKER T. JONES

Pendant que les festivals battent leur plein, les Parisiens ne sont pas oubliés grâce, notamment, au New Morning qui a su, cette année encore, concocter une belle affiche estivale où blues et soul occupaient une place de choix (Lee Fields, Naomi Shelton, Joe Louis Walker, David Sanborn, Robben Ford…).  Plus surprenante était la programmation de Booker T. Jones, un musicien qu’on a très rarement l’occasion de voir sur une scène parisienne. Du temps de la gloire des MGs, il n’était venu qu’avec la tournée Stax/Volt de 1967 (et pour l’enregistrement de la B.O. d’Uptight, mais sans apparition publique). Je crois savoir qu’il s’est aussi produit avec Neil Young et Tony Joe White, mais comme accompagnateur. C’était donc une belle occasion de (re)voir celui qui a contribué à tant de chefs-d’œuvre de la soul.

Outre le bassiste (Jeremy Moses Curtis) et le batteur (Darian Gray), l’orchestre comprend deux guitaristes (Vernon Black et Troy Gonyea). Peut-être un de trop surtout que Booker T. passe une bonne moitié du show à la guitare ! D’où une certaine frustration pour ceux venus entendre la chaude sonorité de son orgue Hammond, mais qui se consolèrent quand même en écoutant les hits des MGs (Green onions, Hig hug-her, Soul limbo, Hang ’em high…). Il mit aussi à l’honneur quelques classiques auxquels il fut étroitement associé comme le superbe Born under a bad sign (qu’il composa pour Albert King), Hold on I’m coming ou I’ve been loving you too long, se révélant un chanteur très acceptable, sinon exceptionnel. En revanche, ses reprises de Take me to the river ou Ain’t no sunshine ne s’imposaient sans doute pas, d’autant qu’il les accompagnait de sa propre partie de guitare, limitée et à la sonorité mal contrôlée.

A ces réserves près, Booker T. Jones livra une prestation de bon niveau dont la nostalgie n’était pas la seule composante. A presque 66 ans, il est en pleine possession de ses moyens et on se prend à rêver à une nouvelle réunion scénique avec Steve Cropper et Duck Dunn…

Jacques Périn