;
Live reports / 15.02.2023

Bonita & The Blues Shacks + Black Cat Biscuit, L’Odéon, Tremblay 

4 février 2023.

Il vaut mieux ne pas arriver trop tard aux concerts de l’Odéon, au risque de se retrouver tout en haut de la salle. Ce qui fut mon cas ce soir-là ! Heureusement, on y voit bien et le son est tout à fait correct. Carton plein donc pour cette soirée consacrée au blues européen !

On parle beaucoup de Black Cat Biscuit depuis leur participation à l’European Blues Challenge en 2019. On va vite comprendre pourquoi. Outre la sobre élégance de ses tenues, le groupe belge, côté flamingant, défend un répertoire original, totalement en phase avec la tradition. Le leader Bert Arnauts présente les titres avec un accent et un humour irrésistibles, c’est aussi un bon chanteur et un guitariste rythmique solide. 

Les solos virtuoses sont réservés à l’harmonica de Mark Sepanski et à la guitare de Raffe Claes. Mais c’est vraiment le collectif, avec aussi Patrick Inderstege (contrebasse) et Jeff Cijbels (batterie), qui finit de nous convaincre. Visiblement, ces gens ont plaisir à jouer et à partager ses compos accrocheuses comme The way it is, Don’t need your love no more (repris en chœur par le public) ou Train 66 et son riff d’harmo imparable. Le rappel est mérité et opportun : Goin’ home.

Mark Sepanski, Bert Arnauts, Raffe Claes, Jeff Cijbels
Bert Arnauts, Raffe Claes

Michel Rémond avait déjà programmé The Blues Shacks, le groupe phare de la scène allemande, à Tremblay-en-France. Vingt ans après, ils y revenaient sous la bannière de Bonita & The Blues Shacks. Car la présence d’une chanteuse d’origine sud-africaine, Bonita Niessen, a permis au groupe de se renouveler tout en restant fidèle à son passé. Le blues et le R&B constituent toujours la base de leur répertoire, mais il s’élargit maintenant à la soul. Et de belle manière ! 

La réputation des musiciens n’est pas usurpée, chacun mérite sa place : le batteur Andre Werkmester, le (contre)bassiste Hennig Hauerken, comme Fabian Fritz, aussi convaincant au piano qu’à l’orgue. Sur le devant de la scène, les frères Arlt sont à la manœuvre, Michael au chant et l’harmonica, Andreas à la guitare adepte de la ligne claire, aussi inventive que swinguante. Si vous ajoutez à cet aréopage une chanteuse au charisme indéniable, vous êtes assuré de passer une soirée mémorable ! 

Bonita fait preuve sur scène d’une énergie et d’une implication lumineuse qui transcendent aussi bien les blues très enlevés, dans une veine jazz swing (Where’s my money honey), que les ballades les plus prenantes. Il faut l’entendre sur The handwriting is on the wall (Ann Peebles), entrecoupé par un incroyable solo d’Andreas qui prend le temps de s’installer. Idem avec la longue introduction au piano, prélude au Never let me go, à la manière d’Aretha.

Bonita Niessen, Andreas Arlt, Michael Arlt, Andre Werkmester, Hennig Hauerken, Fabian Fritz
Bonita Niessen, Michael Arlt

Bonita a la classe vocale des grandes soul sisters, elle a aussi le tempérament des meilleures “entertaineuses”, bougeant et dansant avec une grâce jamais racoleuse. Michael Arlt lui donne souvent la réplique vocale pour des pièces ironiques où le machisme est moqué (Don’t call me babe). Il faudrait encore citer la reprise de You keep me hanging on des Supremes (Bonita a d’ailleurs quelque chose de Diana Ross dans son allure) ou l’hommage vibrant à B.B. King avec Sweet thing.

Vous l’aurez compris, les Blues Shacks avec Bonita ont mis la salle de l’Odéon en liesse et les commentaires à la sortie étaient unanimement enthousiastes. D’ailleurs, leurs deux albums se sont arrachés !

Texte : Jacques Périn

Photos © J-M Rock’n’Blues
Plus de photos ici.

Bonita Niessen
Bonita & The Blues ShacksJacques PérinJM Rock'n'Blueslive report