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Live reports / 19.07.2022

Blues On The Fox, Aurora, Illinois

17 et 18 juin 2022.

À Aurora, le Blues On The Fox, du nom de la rivière, renaît. Banlieue lointaine et cossue de Chicago, la ville est connue des amateurs pour avoir abrité le studio de RCA-Bluebird – une plaque commémorative est apposée sur ce qui est aujourd’hui une tour d’appartements – et, historiquement, d’avoir été la première ville de l’État à bénéficier d’un éclairage public électrique. La popularité de ce festival payant en plein air (bien organisé, avec interdiction de fumer et d’y apporter des appareils photo à gros boitiers !) est telle qu’il a dû s’établir dans le parc principal de cette petite ville à l’allure western. Les milliers de spectateurs disciplinés – le comptage est bien plus rigoureux qu’à Chicago – installent alors leur chaise pliante en rangées ordonnées en plein soleil et savourent une affiche de haute qualité. C’est ainsi qu’Aurora peut se payer Buddy Guy.

Vendredi 17 juin

Shemekia Copeland. Elle déploie tout son punch de chanteuse bluesy au répertoire engagé. Groupe soudé. Wayne Baker Brooks (guitare) invité. Et enfin, son fils Johnny (5 ans) vient jouer du tambourin. Sympa.

Kenny Wayne Shepherd. Stratocaster éraflée, sorte de Rory Gallagher rock. Il y a pire comme guitar slinger, mais son chanteur coche toutes les cases hard. Surprise : le Néo-Orléanais Joe Krown est aux claviers. Shemekia Copeland est invitée et le set redevient supportable. Nous quittons au deuxième rappel hendrixien.

Shemekia Copeland, Wayne Baker Brooks
Arthur Neilson, Shemekia Copeland
Joe Krown, Kenny Wayne Shepherd
Kenny Wayne Shepherd, Shemekia Copeland

Samedi 18 juin

Melody Angel. Blues rock militant au style Hendrix-Prince. Maman semble indispensable au tambourin.

Billy Branch. Même à quelques jours de sa prestation au Chicago Blues Festival, c’est toujours un plaisir de l’entendre swinguer avec aisance et nuances à la tête de son groupe au top.

Mindi Abair & The Boneshakers. Une fois de plus : wouah ! Voix blanche nashvilienne, d’accord. Mais un sax mordant, des envolées lyriques, du Junior Walker mélodieux. Elle peut vous ramasser d’une tirade grave ou vous pousser à bout dans les aiguës. Quel contrôle de son souffle ! Avec le groupe funky de Randy Jacobs (guitare), c’est l’osmose totale. Et puis, je l’avoue, mon objectif capte bien cette blonde californienne mince et sexy. Je n’étais pas le seul à être ravi : la file de spectateurs conquis s’étirait longuement devant son stand. Achat principal ? Des T-shirts, des bijoux de fantaisie, des boucles de ceintures et, ah oui, un disque de temps en temps.

Mindi Abair & The Boneshakers

Buddy Guy. Le public quinqua et blanc, biberonné aux guitar-heroes l’adore et vient le saluer depuis la barrière comme on retrouve un vieux copain. Connivence immédiate. Pendant 1 h 30, Buddy Guy va faire du Buddy Guy : à 86 ans et en forme physique impeccable, il va faire preuve de fulgurances ) la guitare et au chant, jouer à bruiter son manche, se déplacer longuement au sein du public ravi qui l’acclame, à jurer (« Je ne pouvais pas. C’était avant les rappeurs »), philosopher sur le port d’arme et de la première bière… entre The first time I met the blues, des classiques de Chicago blues, Sweet tea, Feels like rain… Son producteur Tom Hambridge est à la batterie et le fidèle Marty Sammon au piano. En fin de set, il passe le relais à son fils, symbolisé par sa Stratocaster à gros pois blancs maintenant entre ses doigts.

Ce fut une fête. Savez-vous que le passe pour les 2 jours ne coûtait que 40 dollars ?

Texte et photos : André Hobus