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Live reports / 08.09.2021

Blues In Haut Anjou 2021

Samedi 22 août, Château-Gontier (53).

Après une année blanche pour les mêmes raisons qu’ailleurs, le festival de Château-Gontier (Mayenne) a renoué avec une tradition établie depuis 2013. Dans le cadre du joli cloître des Ursulines, la formule bien rodée offre deux scènes qui se font face, évitant les changements de plateaux démobilisateurs. Quand un groupe termine son set, l’autre est prêt à prendre le relai.

Tout juste humidifié par une bruine finissante, le premier groupe peut ouvrir les débats en début de soirée. Prenant la succession des Blues Baxter, le Laid Back Blues Band est plus qu’un nom, c’est un programme, une revendication. Pas d’étalage égomaniaque ou de surenchère, leur blues a la décontraction de la chose maîtrisée et du plaisir partagé. Ahcene Metiba et ses copains ont retenu la leçon d’Eric Clapton (le côté “slowhand”) ou J.J. Cale qu’ils appliquent à un répertoire familier : Mojo working, All your love, Cocaïne, The thrill is gone…  

Youssef Remadna avait participé à la précédente édition de Blues in Haut Anjou, en duo avec Mike Greene. Il revenait cette fois en formule “blues band”. Et pas n’importe lequel : Anthony Stelmaszack à la guitare, Mig Toquereau à la contrebasse et Pascal Mucci à la batterie. Youssef est un harmoniciste de premier plan, mettant son imposante technique (bel exercice de respiration circulaire sur un thème de Lonesome Sundown) au service du morceau, mais il est tout aussi impressionnant au chant et semble de plus en plus tenté par la guitare qu’il pratique avec aisance et simplicité. Très respectueux de ses compagnons, il met tour à tour à contribution vocale Anthony et Mig, avant de faire appel à son complice Mike Greene pour un savoureux duo sur Little brother (Albert King) puis d’inviter Ahcene Metiba. Beaucoup de blues, à l’accent louisianais marqué, et quelques embardées du côté de la soul et de la country marquent un répertoire de plus en plus personnel.

Youssef Remadna
Mig Toquereau
Anthony Stelmaszack, Pascal Mucci, Youssef Remadna, Mig Toquereau

Je n’avais pas vu Nasser Ben Dadoo depuis six ans (aux Rendez-Vous de l’Erdre) et j’ai pu constater la montée en puissance du Marseillais (une origine qu’il met souvent en avant). Le groupe compact fait corps avec le leader pour bâtir un blues carré, décomplexé mais sans outrance, qui flirte avec le jazz groovy et le funk. Il faut dire que Nasser est entouré d’excellents musiciens : le batteur Rob Hirons, le claviériste Pascal Versini et bassiste Tomi Matthieu, seul rescapé du groupe antérieur. 

Le répertoire a subi la même mue, délaissant les reprises au profit de compos personnelles et attachantes, comme Long way home, You don’t love me, Immigri ou une délicate ballade dédiée à sa mère, ce qui laisse bien présager de l’album annoncé pour la rentrée. Mais Nasser ne renie rien de ses “racines” et lorsqu’il rend hommage à John Lee Hooker, il le fait avec pertinence, au chant comme à la guitare. Et comme il a décidé de surprendre jusqu’au bout, il offre en rappel un gospel qu’il arrive à faire reprendre en chœur.

Je n’ai pas pu assister aux concerts du dimanche 22 août, mais, normalement, on a pu y entendre à nouveau le Laid Back Blues Band, Nasser Ben Dadoo, Youssef Remadna mais en duo cette fois avec Mike Greene, ainsi qu’un habitué du festival, Philippe Ménard.

J’en profite pour saluer ces festivals, certes modestes en moyens, mais qui entretiennent la flamme en permettant à ces formidables groupes de se produire et donc d’exister. Soutenus par des instances locales et des partenaires privés locaux, ils sont portés par des équipes de bénévoles dévoués et passionnés. Merci à eux !

Nasser Ben Dadoo

Texte et photos : Jacques Périn 
Photo d’ouverture : Anthony Stelmaszack et Youssef Remadna.

Blues in Haut-AnjouJacques Périn