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Live reports / 02.09.2019

Blues In Haut Anjou 2019

Château-Gontier (53), 17-18 août 

Le premier jour du festival, le samedi soir, une pluie légère mais tenace a un peu gâché la fête : public clairsemé et soucieux de rester à l’abri, loin des scènes. Heureusement, ça n’a pas entamé la détermination des artistes ni l’enthousiasme d’irréductibles. Le lendemain, le soleil revenu a multiplié le public de la veille par cinq au moins ! Deux scènes sont dressées dans la cour du couvent des Ursulines, et lorsqu’un groupe termine son set, l’autre prend le relais sur la scène en face. Astucieux, n’est-il pas ! 

À l’origine de l’événement depuis sa création, il y a sept ans, The Blues Baxter assume les premières parties et les interscènes avec simplicité, mais sans céder à la facilité. Ils semblent d’ailleurs gagner chaque année en maturité. Leur leader, Ahcène est un chanteur intéressant, dont la voix haut perchée évoque parfois Otis Rush, tandis qu’à la guitare, il ne cache pas l’influence d’Eric Clapton. Double trouble, The thrill is gone, I shot the sheriff ou Everyday I have the blues sont au programme.

Lorsqu’il n’est pas frontman du French Blues All Stars, Youssef Remadna s’associe à Mike Greene (ex-Bulldog Gravy, The Immigrants) pour un duo qui prend le temps de se poser en toute sérénité. Le jeu délié de guitare de Mike, à l’acoustique comme à l’électrique, ne vise qu’à l’efficacité. Quand il chante, il s’intéresse surtout aux blue collars, mineurs, routiers ou… bouilleurs de cru, entre blues et folk songs. Youssef, lui, a une prédilection pour les morceaux venus de Louisiane ou du golfe du Mexique, dans une veine blues ou swamp pop. À la guitare, il assure parfois le soutien rythmique, mais c’est à  l’harmonica qu’il impressionne par sa musicalité et sa technique (dont la respiration circulaire). Sans oublier un sens de l’humour toujours aussi affûté.

En formule power trio, Sam Mister Tchang démarre très fort. Classiques (Red rooster, T-Bone shuffle, 5 long years) assénés avec vigueur, servis par un chant affirmé et un jeu de guitare expressionniste. Le jeu du bassiste est bien groovy, alors que le batteur martèle un peu beaucoup. On apprécie encore Chicken heads ou Evil, avant que Sam entende célébrer le cinquantième anniversaire de Woodstock. La météo aidant, c’est crédible, quand All night long de Junior Kimbrough et la suite virent au chaos sonore !

Seuls les spectateurs téméraires du samedi ont eu la chance de voir Awek. Dire que leur show fut particulièrement réussi ou exceptionnel, serait réducteur, car, chaque fois que je les ai vus sur scène (une bonne douzaine de fois), ils ont toujours fait preuve de professionnalisme et d’implication. Pas d’exception à Château-Gontier dans un répertoire largement puisé dans leur dernière production. Les figures tutélaires de Muddy Waters, Chuck Berry et B.B. King sont évoquées sans jamais verser dans la copie servile. En fin de set, Bernard Sellam invita tous les protagonistes de la soirée à se joindre à Awek. Belle occasion pour Youssef de retrouver le groupe avec lequel il a partagé trois CD, avant l’arrivée de Stéphane Bertolino. Et pour nous, spectateurs, de profiter d’un supplément captivant.

The Blues Baxter
Sam Mister Tchang
Awek

Texte et photos : Jacques Périn

AwekBlues in Haut-AnjoufestivalJacques PérinMike GreeneSam Mister Tchang​The Blues Baxter​Youssef Remadna​