Bluescamp 2023 et 141e Blues Station
28.11.2023
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Cette quinzième édition s'ouvre de manière festive, sur le marché de Clamecy le 12 août, avec le jazz néo-orléanais des Sassy Swingers. Le soir dans la salle polyvalente, agréablement aménagée avec des tables, donnant une ambiance club, Li’l Henry, avec sa petite guitare et son banjo, revisite brillamment un répertoire blues pré-war seul devant son micro vintage.
Sassy Swingers
Li’l Henry
Nico Duportal et ses Rhythm Dudes vont ensuite nous plonger dans un rhythm'n'blues électrique puisé dans les années 50. Tout y est : le son de guitare, la mise en place les cuivres, le répertoire et la bonne humeur communicative. L'orchestre se transforme ensuite en Gaziers du Rythme pour Benoit Blue Boy et son “invité permanent” Stan Noubard Pacha. Place alors aux saveurs de leur récent album “À Boire et à Manger à St-Germain-des-Prés”.
Nico Duportal & his Rhythm Dudes
Benoit Blue Boy, Stan Noubard Pacha
Benoit Blue Boy et les Gaziers du Rythme
Pendant toute la semaine, dans différentes villes partenaires, Champvoux, Guérigny ou Varzy se déroulent aussi des concerts et animations. Ainsi, le 14 août à Varzy, Little Treme égaye le café Le Goglu avec un jazz purement New Orleans.
Little Treme
Le soir du 16 août, à la Charité-sur-Loire, se tient la finale du quatrième Challenge Blues Français. Très bon niveau d'ensemble avec le groupe garage-psychédélique-blues The Blue Butter Pot, Flo Bauer et le Franco-Polonais Slawek et son blues acoustique personnel accompagné par Gilles Riaux aux percussions.
The Blue Butter Pot
Flo Bauer
Slawek
Kathy Boyé & The DTG Gang avec un set énergique et la guitare saillante de Mr. Tchang partiront pour le challenge européen à Hell (Norvège).
Kathy Boyé, Mr. Tchang
Les solides Aurélien Morro & The Checkers et le survitaminé Mathis Haug (avec son acolyte Stephan Notari) s'envoleront pour le Blues Challenge de Memphis.
Aurélien Morro & The Checkers
Stephan Notari, Mathis Haug
Le 17, le Cellier des Moines est vite rempli pour Elmore D, en duo avec son fils Gilles. Ils ont choisi de jouer des chansons de Skip James. « C'est comme reprendre du Mozart », dira Elmore. Effectivement, l'exercice est audacieux mais réussi, et le public ravi. Le set se termine par un Walking blues intense avec, en invités inspirés, Stan Noubard Pacha et Vincent Bucher. Entendre résonner ces chansons venues d'un passé révolu est toujours curieux.
Stan Boubard Pacha, Gilles, Elmore D, Vincent Bucher
Pendant le festival, d'autres ont aussi osé toucher au répertoire des maîtres : Broonzy, Sleepy John Estes, Mississippi John Hurt, Blind Blake, Blind Willie McTell, Charley Patton et même Arthur Crudup et Junior Parker… Mais pour ces deux derniers c'était à l'occasion du quarantième anniversaire de la mort d'Elvis ! Paul Crowley est de ceux-là avec son élégant picking ainsi que le one-man-band U man Slide qui explique avec humour au public d'où viennent ses réinterprétations brillantes, dépoussiérées et originales.
Paul Crowley
U man Slide
Le soir le boogie-blues de Vicious Steel puis l'énergique Guy Verlinde et ses Mighty Gators nous emmènent loin du blues acoustique des origines. Parfait entertainer, Guy met tout de suite la salle dans sa poche dès les premiers morceaux pour un set déchaîné et débridé.
Vicious Steel
Guy Verlinde
Le lendemain, le duo jazz Cozy Corner se bat, dans le cloître, contre les éléments climatiques. La soirée débute avec Richard Ray Farell, très agréable, avant les assauts de la guitare de Fred Chapellier qui rappelle la Telecater incisive de Roy Buchanan. Avec ses Gents dont Bako Mikaelian (harmonica), c'est pro, en place et un peu fort pour certains. Fred invite le chanteur Dale Blade (originaire de La Nouvelle-Orléans) pour présenter quelques ballades et blues d'un CD à venir : nous pouvions imaginer, un instant, être au club Tipitina's de la Crescent City !
Cozy Corner
Richard Ray Farell
Fred Chapellier, Dale Blade
Le 19 août, dans les jardins des Bénédictins et par beau temps, la sympathique restitution des ateliers, coachés par Stan Noubard Pacha et Vincent Bucher, était aussi placée sous le signe de La Nouvelle-Orléans avec des reprises de Fats Domino et Rockin' Sydney.
Le soir, Bad Mules, au line-up remanié, est moyennement convaincant. Denis Agenet, le batteur, hélas trop discret au chant, est semble-t-il du même avis « puisque la salle ne s'est pas levée au milieu du set comme auparavant. » Le chanteur invité Josh Miller, un brin bavard, a manqué de charisme.
Bad Mules
Avec Shawn Holt and the Teardrops, c'est du Southside Chicago Blues vrai de vrai : blues lents tendus, économiques et sentis ou boogies sauvages. Xavier Pillac se montre à la hauteur, poussé dans ses retranchements par Shawn qui l'emmène même dans l'inévitable promenade dans la salle. L'intense conclusion d'une édition variée et rondement menée. Vivement la seizième.
Texte : Christian Esther
Photos © Christian & Marie Esther
Shawn Holt, Xavier Pillac