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Live reports / 17.09.2019

Blues en Loire 2019

La Charité-sur-Loire, du 21 au 24 août 2019.

Lorsque nous arrivons, le mercredi 21 août, Dr. Blues, trio local, se produit gratuitement sur scène, au milieu de la rue principale de la Charité-sur-Loire, nous mettant dans l’ambiance d’un festival à la riche programmation (commencée dès le samedi précédent). Pour notre première soirée, c’est JJ Thames qui est en vedette. La jeune chanteuse ne nous décevra pas avec sa voix forte, nerveuse, proche du gospel : elle se permettra une balade parmi le public, sans micro. Accompagnée par un solide orchestre, elle tient la scène (avec cette énergie que nous aimions chez Tina Turner) réinterprétant de manière originale des thèmes, pourtant joués et rejoués mille fois, qui réussiront à nous accrocher. En première partie Nirek Mokar, pianiste de 16 ans, a puisé dans l’histoire du jazz, du blues, du boogie-woogie, martelant énergiquement son instrument comme un Little Richard. Il était brillement accompagné par Stan Noubard Pacha (guitare) et Thibaut Chopin qui nous gratifiera de chant et d’harmonica, délaissant sa contrebasse. 

Le lendemain, un public tranquillement assis, découvrira, en cette chaude après-midi, les chansons personnelles et lancinantes de Magic Buck, installé à l’ombre du cloître avec ses trois belles guitares et ses harmos. Le soir, en ouverture, Olivier Gotti, avec son chant tendu, comme ses glissendos sur sa guitare hawaïenne (construite,  précisera-t-il, par un luthier français), réinterprétera Blind Willie Johnson, plongeant ainsi dans les racines. De manière moins intimiste, d’autres chansons sont enrichies de samples électroniques. La deuxième partie démarrera au quart de tour : pour cette tournée, le guitariste-chanteur Mike Wheeler s’était entouré d’une efficace section de cuivres, rendant son répertoire Chicago blues plus percutant et coloré…

Dr. Blues
Magic Buck
Nirek Mokar, Thibaut Chopin, Stan Noubard Pacha

Vendredi soir, accompagné de Benoit Nogaret, c’est en duo acoustique que Mathis Haug se présente. En 2017 sur cette même scène, il avait gagné un voyage à Memphis où il a enregistré son dernier disque avec des textes et une production de Sebastien Danchin. Mathis nous emmène dans des chansons parfois plus “dylaniennes” que blues, mais le Midnight Special, la vieille rengaine de Lead Belly, ou Bottle up and go sauront faire remuer le public et le chauffer,  avant qu’il soit  électrisé par Jamiah Rogers et son power trio. Un jeu de guitare, un chant qui rappellent le meilleur de Luther Allison, lorsqu’il partait dans des rock blues. Avec le feeling en prime, montrant cette même générosité, en jammant avec Mathias et Benoit juste avant son set. Jamiah présentera son CD “Blues Superman”  et, comme JJ Thames, réinterprètera avec des arrangements intéressants quelques classiques pourtant éculés, comme Rock me baby : le jeune homme connaît ses classiques, citant Etta James ou Earl King.

Le dernier jour, parmi les concerts gratuits, il y avait la traditionnelle restitution des ateliers dans les magnifiques  jardins des Bénédictins. La sympathique  jam est orchestrée par Stan Noubard Pacha et Vincent Bucher, loin de tout égocentrisme et dans la bonne humeur. 

Le soir, la Halle aux Grains recevra l’harmoniciste-chanteur Keith Dunn accompagné par un orchestre belge sans basse (Renaud Lesire et Bart Mulders aux guitares, Steve Wouters à la batterie). Ils connaissent leur affaire : blues carrés, swingants, “à l’ancienne”, bien sentis, agrémentés d’un peu de slide guitare…

Watermelon Slim, avec sa steel guitare acoustique (dobro) posée sur trépieds, jouée en gaucher avec un médiator et un bottleneck enverra des éclairs de glissendos comme un Elmore James ou un Johnny Winter. Slim chante d’une voix bien râpeuse et présente pendant toute sa prestation ses morceaux en français, avec de poétiques tournures personnelles ! Bill Homans, c’est son vrai nom, joue aussi de l’harmonica depuis soixante ans, nous dit-il, achevant le set sur une inattendue sonnerie aux morts, hommage qu’il avait joué à Verdun… Mais le concert n’était pas terminé, car il revint, toujours accompagné de son énergique rythmique basse-batterie pour un bain de foule mérité. Belle conclusion d’une excellente édition.

Jamiah Rogers
Jamiah Rogers, Benoit Nogaret
Keith Dunn

Texte et photos : Christian Esther
Photo d’ouverture : Mathis Haug, Jamiah Rogers, Benoit Nogaret

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