;
Chroniques / 08.10.2020

Black Power, L’avènement de la pop culture noire américaine

Déjà autrice l’an passé de Girls Rock, un ouvrage consacré à la place des femmes dans le rock (au sens large), et plus récemment d’une “discothèque idéale” baptisée Black Is Beautiful pour un supermarché du produit culturel, la journaliste spécialisée en pop culture Sophie Rosemont s’attaque cette fois-ci à un ambitieux tour d’horizon de la culture afro-américaine des années 1950 à nos jours, couvrant aussi bien les événements politiques et sociaux (y compris les différentes mobilisations, de l’ère des droits civiques au récent mouvement Black Lives Matter), que l’aspect artistique : musique, cinéma et littérature sont évoqués, mais également la télévision ainsi que les arts plastiques.

Traité en à peine 200 pages, le projet est ambitieux, mais Rosemont se sort bien du challenge et propose une synthèse stimulante, quitte à assumer quelques impasses (Prince, notamment), d’autant qu’elle parvient dans sa sélection d’œuvres exemplaires à concilier les évidences (Curtis Mayfield sur la soul engagée, par exemple) et quelques surprises bienvenues (au hasard, côté musique, le premier album d’Elaine Brown ou un disque de Oneness of Juju). Seule l’absence totale de référence au blues, traité uniquement par allusion, peut être vue comme un manque.

Richement et intelligemment illustré, l’ouvrage (qui souffre hélas de quelques inexactitudes factuelles et de coquilles, dont la très amusante « Donald Reagan ») fait office d’introduction à la culture afro-américaine et donne au lecteur l’envie d’approfondir le sujet, d’autant que le livre est vendu avec deux CD (un album de Nina Simone et une compilation de Gil Scott-Heron) et un DVD (I Am Not Your Negro, le film de Raoul Peck sur James Baldwin). 

Frédéric Adrian

• Black Power, L’avènement de la pop culture noire américaine
Par Sophie Rosemont, GM Éditions, 192 p., 29 €.

Black PowerFrédéric AdrianlivreSophie Rosemont