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Live reports / 19.02.2018

Binker & Moses

Faute peut-être de visibilité “grand public” (pour l’instant), le Duc des Lombards n’est pas tout à fait plein pour accueillir un des groupes phares de la nouvelle scène jazz londonienne, mais les (quelques) places vides sont largement compensées par l'attention d’un auditoire visiblement très au fait de ce qu’il est venu écouter. Bien que leur dernier album, l’excellent “A Journey to the Mountain of Forever” comprenne de nombreux invités, c’est le duo de base qui se présente sur scène, composé de Binker Golding au saxophone et de Moses Boyd à la batterie, pour près d’une heure et demi de musique essentiellement empruntée à ce disque. Sans surprise, le duo commence fort, voire très fort, en mode free, mais fait preuve ensuite de sa capacité à moduler les tempos et à varier les ambiances, la rythmique se pimentant d’influences latines ou africaines, en particulier quand Boyd renonce aux baguettes pour passer aux maillets. Peu communiquant avec le public – il faudra attendre l’avant-dernier titre pour que Golding articule quelques mots –, le duo est absorbé dans sa musique : Golding, au saxophone, ne quitte pas un instant des yeux son partenaire tandis que Boyd, à la batterie, joue les yeux fermés, comme habité par le son. Pas tout à fait évident d’accès, l’ensemble révèle vite sa beauté et sa profondeur, et le cadre intimiste du Duc des Lombards est parfait pour en apprécier toutes les nuances. Nul doute que le duo fera parler de lui dans les prochains mois…

Frédéric Adrian