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Live reports / 12.05.2017

Big James & the Chicago Playboys

Comment vont les Chicago Playboys ? Ces dernières années ont vu les rangs du groupe de Big James chamboulés, ne serait-ce que par l’envol en leader de son guitariste Mike Wheeler, parti tailler la route en embarquant la section rythmique. De sérieux ennuis de santé avaient par ailleurs contraint James à annuler sa tournée en 2016, mais le tromboniste de Chicago a signé son retour ce printemps sur les scènes françaises. Et son retour dans un Jazz Club Étoile qu'il connaît bien : c'est sa base parisienne depuis 2002 et il y a enregistré son album live.

C'est un quintet qui accompagne aujourd'hui James. Fidèle au poste, le longiligne Joe “Goldie” Blocker tient toujours les claviers, en tous genres, du piano électrique à l'orgue en passant par quelques synthés qui tâchent. Par contre, on ne parlera plus de section de cuivres puisqu'un seul pupitre apparaît aux côtés du patron, celui de Charles Pryor. Ceci dit, cet habile souffleur qui troque de temps à autre sa trompette pour un bugle, sait y faire pour pallier l'absence de saxophone et d'une seconde trompette. En Bryan T. (batterie) et Derek Bass (oui, à la basse), James a trouvé une rythmique polyvalente et musclée si essentielle à son style. Si la paire ne fait pas oublier l'alliance Cleo Cole-Larry “L-Dub” Williams (la présence scénique électrique de ce dernier manque d'autant plus cruellement que son remplaçant joue assis), son groove irrigue généreusement le répertoire unique de James. Qui d'autre pour naviguer de Magic Sam (All your love) au p-funk en passant par Tyrone Davis (medley Turn back the hands of time-Give it up turn it loose enchaîné avec Too busy thinking about my baby de Marvin Gaye) et Al Green (Love and happiness) ?

 


Joe Blocker

 


Bryan T., Big James, Derek Bass, Charles Pryor

 


Charles Pryor

 

On passe aussi sans encombre d'un Killing floor à un Payback entrelardé de Sign o the times. Ou comment Holwin' Wolf, James Brown et Prince s'éclateraient ensemble sur les planches d’un club du Southside. C'est ce mélange blues-funk-soul qu'on retrouve dans les compos personnelles de James. Il en jouera peu mais on retiendra son emblématique Da blues will never die, l'imposant Right here right now, chanson titre de son dernier album studio en date, et ce nouveau A dose of the blues très Bobby Rush dans l'âme. Si le chant rugueux de James fait toujours son effet, le Chicagoan n'a jamais été très expansif, tant au trombone qu’au plan du contact avec le public. Aussi, faute d'acolytes capables de compenser, la prestation de ces nouveaux Playboys manque de relief. Une certaine nonchalance s'invite trop souvent, à l'image du détachement ostensible d'Ed Wooten, guitariste au jeu volubile pourtant capable de beaux éclats. Lorsqu'une corde lâche ce dernier, Big James s'éclipse en coulisse et le deuxième set s'arrête carrément pendant de longues minutes ! Une cassure déconcertante qui illustre un malaise au sein du groupe.

 


Derek Bass

 


Bryan T.

 


Ed Wooten

 

Heureusement, l'apparition surprise du trompettiste Boney Fields, en vieille connaissance de la Windy City, redonne un coup de fouet à ce second set qui s'achève en grosse fête funk. La recette ? Relier More peas à Pass the peas par une brochette de méchants grooves puisés chez Parliament, Zapp, les Meters et Jaaames. Joe Blocker parsème le tout de talkbox et on retrouve la fougue contagieuse typique des Chicago Playboys.

 


Big James, Boney Fields, Bryan T., Charles Pryor

 


Big James, Boney Fields

 

 

Avec quelques boulons resserrés et un nouvel album à défendre (enregistrement prévu cette année), Big James pourrait à nouveau frapper fort.

Nicolas Teurnier
Photos © J-M Rock'n'Blues

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