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Chroniques / 22.08.2019

Baby Rose, To Myself

Une voix qui marque au fer rouge, de celles qui vous hantent et que bientôt vous identifiez en un souffle. Un timbre rauque, largement voilé, des fissures apparentes et l’aura d’une âme burinée. “To Myself” est pourtant le premier album de Rose Wilson, 25 ans, chanteuse-songwriter basée à Atlanta. À l’évidence, sa tessiture de contralto lui a fait sauter quelques classes. Cette même gravité déroutante qui lui valait moqueries à l’école (comme une certaine Mavis Staples) insuffle à ces dix titres sombres une profondeur de champ réellement captivante.

Un moteur démarre, la voiture s’éloigne : il sera question de rupture, de cœur bardé d’épines difficiles à retirer. D’abord sur la pointe des pieds, comme impressionnée par cette voix qui en impose, l’orchestration n’hésite pas à revêtir ensuite une armure rythmique retentissante pour épaissir un climat en passe de devenir oppressant. Mais comme le signale la bouffée d’air du refrain saisissant de Borderline, “To Myself”, qui vibre chœurs au vent, n’oublie pas de respirer et s’offre même de merveilleux arrangements de cordes pour conclure sur deux temps très forts. Illuminer une mélancolie déchirante : Baby Rose détient un bien beau pouvoir. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : Human Re Sources 
Sortie : 22 août 2019

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