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Chroniques / 04.04.2020

Ayọ, Royal

À la base, ce sixième album d’Ayọ devait être l’un de ces disques de reprises faciles, guidés par des intentions mercantiles. Une commande à laquelle l’Allemande, désireuse d’enregistrer ses propres compositions, n’a pas donné son feu vert. Du moins, pas complètement. Si reprises il y a, elles n’occupent que le quart du programme. Bien que la ficelle semble un peu grosse au sujet du Né quelque part de Maxime Le Forestier, qui se pare de légères pulsations reggae, le reste est pioché dans des sources moins évidentes.

Outre une reprise de Lhasa De Sela (la ballade folk Fool’s gold), la chanteuse revisite comme à ses débuts le répertoire d’Abbey Lincoln, à deux occasions : Throw it away est abordé tout en sobriété, avec cette mélancolie étouffante propre à un Tom Waits ; Afro blue joue la carte de l’épure, à peine soutenu par une contrebasse jazz et une cymbale effleurée du bout des baguettes. On s’attardera davantage, cela dit, sur ses originaux bourrés d’ondes positives, qui agissent comme un baume réconfortant. Rest assured conte les joies d’un amour durable sur un air pop reggae radiogénique à la No one d’Alicia Keys. Beautiful est une ode à l’acceptation de soi aux notes de guitare piquées. Sous des dehors soul chaleureux soulignés d’un harmonica, le déchirant Rosie Blue insiste sur l’importance d’aider ses proches atteints de dépression.

La voix d’Ayọ vibre à fleur de peau sur la soul sixties de Just like I can’t, s’écorche et supplie au contact d’une guitare sèche (Fix me up), ou se love dans la moiteur chaloupée et jazzy de rythmes afro-cubains (I’m in love). Malgré une première incursion en français et une légère touche jazz par endroits, pas de révolution au royaume d’Ayọ. Juste un agréable opus de folk soul teinté de world music dans la lignée des précédents. 

Mathieu Presseq

Note : ★★★
Label : Wagram
Sortie : 31 janvier 2020

AyoMathieu Presseq