Robert Finley + Lowland Brothers, La Maroquinerie, Paris
01.12.2023
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En vingt ans d’existence, l'Avignon Blues Festival a accueilli du beau monde : Joe Louis Walker, Eddie C. Campbell, Donald Kinsey, Larry Garner, Big James, Marquise Knox, Otis Grand, Mississippi Heat, Larry et Mathew Skoller, John Primer, Eric Bibb, Jimmy Burns… Pour cette édition “spécial anniversaire”, son directeur Michel Laporte avait concocté un copieux programme.
Samedi 7 octobre
Lumineuse Ruthie Foster : elle emporte d’emblée l’adhésion du public par un naturel et une fraîcheur immédiatement sympathiques. Soutenue par la batterie de Samantha Banks, la basse de Larry Fulcher et sa propre guitare (remarquable solo sur Travelin' shoes), Ruthie Foster occupe la scène avec un charme désarmant. Son répertoire, outre des compositions qui oscillent entre blues, soul, country et gospel, lui permet de citer au passage Son House, Jessie Mae Hemphill, Sam Cooke, Sister Rosetta Tharpe, Mavis Staples ou encore Maya Angelou… Des reprises toujours très personnelles. La voix est magnifique, du murmure au “moaning” jusqu'à l’explosion, avec une puissance toujours maîtrisée. C’est dans le gospel qu’elle donne pleinement toute sa mesure. Son évocation de l’église qu’elle fréquentait enfant, au Texas, reste un grand moment ! A cappella, parlant, mimant, chantant, c’est toute la congrégation du “Amen corner” aux élégantes fidèles que Ruthie convie sur la scène du théâtre d’Avignon.
Ruthie Foster
Samantha Banks
Larry Fulcher
Ruthie Foster
Vendredi 13 octobre
Pont entre blues traditionnel et musiques hybrides ? Hamilton Loomis semble s’éloigner de ses rives texanes et des influences Joe “Guitar” Hugues, Johnny Copeland, Bo Didley pour séduire un plus large public pop, rock.
Hamilton Loomis
Bien que souffrant d’un calcul rénal, Kenny Neal a tenu à maintenir son concert et l’a assuré de telle façon que les spectateurs non avertis ne se sont doutés de rien. Sitôt le concert terminé il était conduit aux urgences pour trois heures de soins ! À tout juste soixante ans, Kenny s’impose bien comme l’un des maîtres d’un swamp blues puissant et jubilatoire, aux racines bien ancrées dans la Louisiane.
Kenny Neal
Multi-instrumentiste hyper doué, il est remarquable dans tout ce qu’il touche : guitariste au phrasé limpide, sans une seule note inutile, voix rocailleuse envoûtante, brillant harmoniciste – au Jam de Montpellier où il se produisait le mercredi précédent pour un plus long show, une seule partie de plus de deux heures, Kenny a interprété à l’harmonica un medley dédié à Muddy Waters tout à fait sensationnel. La belle cohésion du groupe ferait presque oublier de signaler l’excellence de l’accompagnement des frères de Kenny (Darnell à la basse, Frederick aux claviers) et le solide et formidable appui du batteur Bryan Morris.
Kenny Neal
Frederick Neal, Roderick Jackson
Darnell Neal
Bryan Morris
Samedi 14 octobre
“Griot Blues” est l’intéressante expérience de mariage du blues de Mighty Mo Rodgers et de la musique malienne de Baba Sissoko. Le plaisir de la rencontre est évident sur scène et les voix se mêlent sur des rythmes lancinants, bien soutenues par le groupe italien de Luca Giordano.
Baba Sissoko
Mighty Mo Rodgers
Baba Sissoko, Seydou Sissoko
Mighty Mo Rodgers, Baba Sissoko
Mighty Mo Rodgers, Baba Sissoko
Mighty Mo Rodgers, Baba Sissoko, Luca Giordano
Luca Giordano
Phénoménal Sugaray Rayford : il s’empare du public pour le tenir au creux de sa grande main. Présence, charisme, talent original, Sugaray sait aussi faire preuve d’un émouvant feeling notamment dans de belles interprétations en acoustique, simplement entouré de son guitariste et de son bassiste. Splendide hommage à sa mère et à sa grand-mère au cours duquel, comme pour se dépouiller de tout artifice, il ôte de ses doigts ses lourdes bagues avant d’interpréter Death letter de Son House.
Sugaray Rayford
Gino Matteo, Sugaray Rayford
Jade Bennett Matteo, Sugaray Rayford
Texte et photos : Brigitte Charvolin