Maxwell, Grand Rex, Paris, 2025
25.07.2025
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28 mai 2025.
Presque six ans, depuis une prestation mémorable en novembre 2019, que Avery*Sunshine n’avait pas foulé une scène française ! La chanteuse basée à Atlanta n’est pas restée inactive depuis le temps : outre une interview dans le numéro 257 de Soul Bag, elle a publié ce qui est sans doute son meilleur album, “So Glad To Know You”, pour lequel elle a été récompensée d’un Grammy – un fait qu’elle rappellera à plusieurs reprises au public pendant le concert !
C’est évidemment le Bizz’Art, la meilleure salle parisienne pour la soul contemporaine, qui l’accueille une nouvelle fois, devant un public chauffé à blanc et dont le set assuré par le DJ résident du club JP Mano entretient l’enthousiasme. Longtemps habituée aux prestations en duo avec son guitariste de mari, c’est une nouvelle fois en quartet qu’elle se présente, avec Dana Johnson à la guitare, Demonterious Lawrence (qui a participé à plusieurs de ses albums et accompagné sur disque Carmen Rodgers, Anthony David et un certain Kendrick Lamar) à la basse et Evan Menifee à la batterie qui n’est autre que son fils ! Inutile de dire que tous trois fonctionnent en télépathie avec leur leader, qui s’installe aux claviers une bonne partie du concert.
Pas la peine d’attendre de sa part un show cadré ou policé : comme l’explique Johnson, il n’y a pas de setlist, « Avery avance à l’instinct », et c’est en effet les réactions du public qui guident le show. Ainsi, quand elle constate que sa reprise de l’affreux Da ya think I’m sexy? tombe à plat, il ne lui faut que quelques secondes pour bifurquer vers le répertoire d’Al Green ! Le programme mélange ses propres chansons, anciennes (l’excellente All in my head en ouverture, Lucky, extraite d’un EP sorti en 2022…) comme nouvelles (Hello sunshine, So glad to know you, All I need (The Gemini song)…), et reprises choisies, d’Al Green (Let’s stay together) à Ike & Tina (Proud Mary, prétexte à un petit sketch où elle compare Dana Johnson à Ike (Turner), Rick (James) et Joe (Jackson), en passant par Michael Jackson et Prince. L’ensemble est très spontané, voire un peu fouillis, mais, si le show prend parfois le pas sur la musique – par exemple quand elle fait chanter son nom par le public –, elle retombe toujours sur ses pieds artistiquement, et son enthousiasme communicatif ne l’empêche pas de soigner son chant.
Il faut dire que le public la suit volontiers dans son inspiration et que sa participation et sa présence – comme toujours au Bizz’Art, salle d’amateurs éclairés et enthousiastes – ne font que renforcer l’intensité de la prestation, au point que Avery*Sunshine retrouve ses réflexes de cheffe de chœur pour diviser les spectateurs entre sopranos, altos et ténors pour créer une chorale impromptue que lui envieraient bien des profs de musique et qui évoque l’atmosphère des églises afro-américaines. Quelques jours après son anniversaire, les organisateurs ont réservé une surprise à la chanteuse, accueillie par un gâteau et des bougies au moment du rappel. Elle ne boude pas son plaisir et remercie chaleureusement tant le public que la salle avant de se lancer dans un rappel à rallonge dépassant largement la durée attendue du concert ! Même la fin de la prestation ne suffit pas à faire baisser la température, et une bonne partie des spectateurs ne comptent pas arrêter de danser de sitôt… Comme le dit Avery*Sunshine, n’attendons pas six ans pour nous revoir !
Texte : Frédéric Adrian
Photos © Mhuanita