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Live reports / 10.05.2018

AVERY*SUNSHINE

Grosse semaine pour les amateurs de soul contemporaine : trois jours après Eric Roberson, c’est au tour d’Avery*Sunshine de fouler les planches du Bizz’Art ! Cette multiplication des opportunités d’entendre en live le meilleur de la soul indépendante d’aujourd’hui n’a visiblement pas gêné le public, qui se pressait nombreux pour le retour, un an après une prestation déjà remarquable au même endroit, de la diva d’Atlanta. Lors de son dernier passage, en mai 2017 (dont Soul Bagvous parlait par ici), Sunshine, habituée des concerts européens en duo, avait promis de revenir en plus grande formation, et c’est effectivement le cas ce soir. Après un warm up impeccable assuré par le DJ résident JP Mano, c’est un quatuor qui monte sur scène : Avery*Sunshine aux claviers, le complice régulier à la scène et à la ville Dana Johnson à la guitare, et une rythmique européenne avec le batteur Junior Kirton et le bassiste Sola Van Motman. 

 

 

 

 

Côté répertoire, les choses ont peu changé depuis l’année dernière : le concert s’ouvre toujours sur l’irrésistible I got sunshine, il y a toujours un hommage à Aretha Franklin avec une superbe version de Daydreaminget une reprise rapide de Il est né le divin enfant. Mais le format avec une rythmique, en offrant une plus grande profondeur sonore à l’ensemble, permet à Sunshine de se concentrer plus sur sa musique et de renoncer, sans perdre sa personnalité scénique exubérante, à certaines des clowneries qui détournaient de la qualité de son chant et de sa musique. Le résultat est un concert plus intense, qui met en valeur un répertoire personnel entrecoupé de reprises de goût (un très beau Midnight train to Georgia, sur lequel elle rivalise sans difficulté avec Gladys Knight, un plus inattendu Sunday morningrainemprunté à Maroon 5), du très beau Prayer room– créé sur cette même scène quelques jours après les attentats parisiens de novembre 2015 – à l’amusant Jump, dédié à ses enfants, en passant par 2064, qui évoque sa relation avec son guitariste de mari.

 

 

 

 

Ben l’Oncle Soul, autre habitué des lieux, la rejoint pour un What’s going onbien tourné et reste sur scène pour improviser sur See you when I get there. En rappel, Sunshine s’offre un “guilty pleasure” avec une reprise de Careless whisperde George Michael, dont le solo de saxo est ici chanté à pleine voix par un public ravi, puis un medley de classiques de la soul des années 1980 sur lequel Ben l’Oncle Soul fait son retour.

 

 

 

 

L’ensemble confirme le talent d’Avery*Sunshine, une des voix les plus intéressantes de la scène soul d’aujourd’hui. Il ne reste plus qu’à espérer que d’autres programmateurs que ceux du Bizz’Art finissent par s’en rendre compte pour qu’un public plus large – celui des festivals en particulier – puisse en profiter…

Frédéric Adrian
Photos © Frédéric Ragot