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Chroniques / 27.04.2019

Automatic City, Triple Ripple

Ce “Triple Ripple” risque de surprendre. Le premier froncement de sourcil viendra d’ailleurs peut-être de cette étonnante pochette réalisée par l’illustrateur J.L. Navette. Exit l’univers rétro-moderne kitsch des fifties, welcome to the dark side of the city. Un parti pris qui, malgré tout, est loin d’enterrer les fondamentaux du groupe à base de blues, de rhythm, de rock et de roll. À commencer par cette alléchante introduction, Shrinking up fast, belle adaptation d’une rumba rock signée Camille Howard (pianiste et chanteuse des années 1940-50 ayant gravé quelques sillons chez Specialty et Federal).

Puis, cette dizaine de titres, entre compos personnelles et reprises (R.L. Burnside, Rufus Thomas, Sonny Boy Williamson). Le déroulé du programme se fait à coup de rythmiques sauvages, percussives, entêtantes et de voix qui résonnent, comme remontant d’une lointaine caverne. Contrebasse ronflante, guitares réverbérées et toujours ces effets sonores entre bande-son (de série B) et baston (de soucoupes volantes). Pas si dark, tout ça, finalement ? Réflexion faite, ce nouveau virage revendiqué par le groupe lyonnais a tout de l’élan expérimental plus que de l’assombrissement général. Samples de dialogues de film, déconstruction totale d’un standard (Good morning little schoolgirl) et longues envolées minimalistes et brutales évoquant, c’est vrai, des groupes qui nous semblaient pourtant loin de nos préoccupations (Suicide, Velvet, Sonic Youth…).

Si ce troisième album est sûrement moins facile à aborder que les précédents, il est le brillant témoin d’une évolution au long cours que bon nombre de groupes ne s’embêtent pas à envisager. Par conséquent, ne ratez pas la correspondance, vous avez là un vrai ticket gagnant pour un nouveau tour de manège dans une ensorcelante jungle urbaine et musicale.

Julien D.

Note : ★★★★
Label : Wita
Sortie : 26 avril 2019

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