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Hommages / 13.04.2023

Arthur Williams (1937-2023)

Retiré depuis plusieurs années, le chanteur et harmoniciste Arthur Williams, qui a attendu la soixantaine pour se lancer dans une carrière sous son nom, incarnait un des derniers liens avec les artistes fondateurs du Delta.

Né le 8 juillet 1937 à Tunica, dans le Mississippi, il suit à l’âge de deux ans ses parents vers Argo, dans l’Illinois, puis, à l’adolescence, à Chicago. C’est là qu’il découvre l’harmonica et le blues, croisant la route des principaux bluesmen de la ville, de Muddy Waters à Elmore James, en passant par Eddie Taylor, Willie Mabon ou James Cotton. Revenu chez ses grands parents dans le Mississippi à la fin des années 1950, il commence à y jouer avec d’autres jeunes musiciens locaux comme le chanteur et harmoniciste Frank Frost, le batteur Sam Carr et le guitariste Big Jack Johnson ainsi qu’avec des artistes plus expérimentés, parmi lesquels Robert Nighthawk et Memphis Minnie. 

Si son service militaire, qu’il effectue à Détroit, l’empêche d’être présent pour les débuts discographiques de ses complices sur Phillips International sous le nom de Frank Frost with the Nighthawks, il est de la partie – crédité en tant sous le nom d’Oscar Williams – quand le groupe se retrouve dans un studio de Nashville le 9 mars 1966 pour Jewel. Il partage l’harmonica avec Frost et est même crédité comme auteur ou co-auteur sur deux titres. Il est également enregistré, sous le nom d’Arthur Lee Williams, par William Ferris à l’été 1968. 

Si l’aventure discographique est éphémère, Williams continue à jouer avec Frost et ses camarades jusqu’à son installation à Saint-Louis en 1972, où il reste jusqu’à la fin de sa vie. Il ne tarde pas à se faire une place sur la scène blues locale, enregistrant en particulier avec Big Bad Smitty, Boo Boo Davis ou Clara McDaniel. Il attend la fin des années 1990 pour se lancer dans une réelle carrière solo, avec deux albums pour le regretté label Fedora puis pour Rooster Blues et, avec Jesse Hoggard, pour APO. Il participe également en 2004 à des Jelly Roll All-Stars qui l’associent avec son vieux camarade Sam Carr – également présent sur son deuxième album solo – et Calvin Jones et Willie Smith.

Il est venu à plusieurs reprises en Europe à partir des années 1990, d’abord avec Bennie Smith et Big Bad Smitty puis avec son propre groupe,  Arthur Williams & the Bluesmasters, apparaissant notamment au Blues Estafette en 1991, 1997, 1999 et 2002. Plus discret à partir du milieu des années 2000, il n’en continue pas moins de se produire localement au moins jusqu’à la fin des années 2010.

Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture: Arthur Williams, Utrecht, 1999 © Dominique Papin

Arthur Williams et Little Sonny, Saint-Louis, 15 août 1997 © André Hobus
Arthur Williams, Handzame, 25 septembre 1999 © André Hobus
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