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Chroniques / 02.02.2021

Arlo Parks, Collapsed In Sunbeams

Voici un album très attendu tant cette Londonienne de 20 ans a ponctué l’année 2020 de ses singles à la poésie lucide et touchante. Il y avait quelque chose d’étrangement réconfortant à écouter la mélancolie adolescente d’une chanson comme Eugene pendant le confinement du printemps dernier. Cette singularité était déjà présente dans les EP de la chanteuse, “Super Sad Generation” et “Sophie”, sortis en 2019, produits par le multi-instrumentiste Gianluca Buccellati que l’on retrouve à nouveau dans ce beau projet et qui semble être le partenaire musical idéal de la jeune femme. 

La voix d’Arlo Parks possède cette délicatesse à fleur de peau qui rappelle indirectement Minnie Riperton ou Joni Mitchell, et se pose avec grâce sur des mélodies lumineuses ou plus sombres, dont les guitares transpirent l’influence de Radiohead, période “In Rainbows”. Le tout porté par des rythmiques à l’aisance hip-hop ou plus élastiques et granuleuses façon Portishead. Une toile hybride sur laquelle l’artiste rajoute des mots, des histoires, les siennes pour la plupart, racontées avec un souci du détail et une justesse qui captent son auditoire. 

Ici, la vulnérabilité n’est pas une posture pour cette femme queer qui ne triche pas avec ses sentiments, aussi complexes soient-ils. Arlo Parks serait plutôt du genre à créer des arcs-en-ciel à partir de quelque chose de douloureux comme elle le dit si bien dans Portra 400. Croisons fort les doigts pour que la pandémie ne vienne pas entraver la possibilité de la voir sur scène prochainement. D’ici là, on peut encore approfondir cet album qui n’a pas fini de se révéler et de nous émouvoir. 

Hugues Marly

Note : ★★★★
Label : Transgressive-Pias
Sortie : 29 janvier 2021

Arlo ParksHugues MarlyPiasTransgressive Records