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Brèves / 31.08.2012

Arizona Dranes sort de l’oubli

Qui se souvient d’Arizona Dranes (1889-1963), cette chanteuse et pianiste aveugle de gospel ? Née au Texas (ce que ne laisse pas deviner son prénom !), elle n’a enregistré qu’une grosse trentaine de titres en 1926 et en 1928 (dont seize sous son nom pour OKeh), mais il suffisent pour en faire une pionnière du gospel avec accompagnement musical. En effet, avant cela, la musique sacrée mettait en scène des groupes vocaux et des artistes chantant a cappella. Sans doute du fait de la Grande Dépression, Arizona Dranes n’enregistre plus après 1928 mais elle continue de se produire à l’église et en concert, donnant son dernier show en 1947, à Cincinnati ou Cleveland (Ohio) selon les sources. Elle semble ensuite abandonner la musique pour devenir missionnaire dans la région de Los Angeles en Californie, où elle passe les quinze dernières années de sa vie. Largement oubliée de nos jours, cette novatrice n’en est pas moins très influente. Et ne nous y trompons pas : immédiatement identifiables, son jeu de piano dynamique et sa voix vibrante « de tête » ont non seulement marqué son époque, mais ils ont également jeté les bases du gospel « moderne » qui a conservé des composantes de sa musique. Thomas Dorsey, souvent considéré comme le père du gospel, la citait parmi ses influences, et Sister Rosetta Tharpe, qui l’aurait vue dès l’âge de 11 ans, s’en est sans doute également inspirée. Nous sommes donc particulièrement heureux d’apprendre qu’elle vient de faire l’objet d’une biographie par Michael Corcoran, He is my Story: The Sanctified Soul of Arizona Dranes, à paraître le 4 septembre 2012 chez Tompkins Square. Quand on sait que de larges pans de la vie de cette artiste essentielle demeurent méconnus (dont ses dates de naissance et de mort, nous avons pris les plus courantes…), on attend impatiemment cet ouvrage, qui sera vendu avec un CD comportant les seize titres gravés par Arizona Dranes.