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Live reports / 15.04.2012

ANTHONY HAMILTON

En 2012, comment le chant soul pourrait-il être plus à l'honneur que lors d'un concert d'Anthony Hamilton ? En regagnant la sortie du Bataclan ce dimanche 15 avril, on ne voit pas. Sur disque, on sait combien son magnétisme vocal est puissant. Sur scène, il s'intensifie : Hamilton est un vrai showman qui se livre entier à son public. Une boule d'énergie qui foule les planches avec une ferveur contagieuse.

Épaulé par un quintet (à deux claviers) attentif et impliqué et trois choristes remarquables, le chanteur de Charlotte (Caroline du Nord) excelle dans l'art de la tension-détente, tant dans les nuances que véhiculent ses cordes vocales qu'à travers une set list judicieusement pensée. L'incisif Sucka for you ouvre le feu, électrisé par un final hip-hop old school : Hamilton esquisse des mouvements de popping, ses choristes jouent les MC des années 1980. Idéal pour enchaîner sur Cool – sans chercher à reproduire la partie rappée de la version studio –, puis déployer l'incontournable étendard Comin’ from where I'm from, avant de calmer le jeu avec Best of me, une ballade dépouillé issue du nouvel album (“Back To Love”). Viendra plus tard un medley puisé dans la copieuse réserve de chansons fortes dont dispose Hamilton (Southern stuff I like par exemple).

 

Trêve d'énumération, il faut pointer l'élément clé qui place ce concert hors catégorie sur le tableau des shows les plus soulful de l'année : les trois choristes. Corey “2E” Williams, James "J-Vito" Tillman et Jack “JK” King. Trois costauds qui, tout du long, donnent le change au leader, capables d'harmoniser avec un placement et une finesse exemplaires quand ils n'enflamment pas le show en poussant des solos incandescents tout droit sortis d'une église pentecôtiste. Le gospel, le blues, le Sud, tout ça n'est jamais loin lorsque Anthony Hamilton module ses notes, alors quand il prévient : « I'm gonna get country now », ce n'est pas qu'à moitié que groupe et choristes lui emboîtent le pas pour un Prayin’ for you d'anthologie. Guitare blues véloce et slidée, call and response véhément, chant qui prêche et bain de foule grisant : le Bataclan accueille le Holy Ghost.


Corey “2E” Williams, James "J-Vito" Tillman, Jack “JK” King, Anthony Hamilton
 

L'autre sommet du soir est une version à couper le souffle de Pray for me (du nouvel album). Une mélodie enivrante distillée sur une pulsation épurée jouée toute en retenue et qui donne lieu à un amusant jeu de scène à contre-pied de la part du guitariste et du bassiste qui choisissent ce moment pour se mettre à genoux façon guitar-hero.

Au terme d'un Charlene chanté d'une voix avec un public charmé, le couvre-feu de la salle impose une fin abrupte. Pas de rappel, il est “déjà” 22 h 30 passées. Aberrant quand on s'est farci juste avant la tête d'affiche une longue demi-heure d'un groupe de funk-rock imbuvable (parodique ?), et ce alors que la soirée avait débuté dans le ton avec la folk-soul intimiste de la chanteuse-guitariste Mariama.

En tout cas, pour de la soul d'aujourd'hui servie chaude bouillante, on sait qui aller revoir.

Nicolas Teurnier
Photos © Cutymike

Line-up :
Anthony Hamilton (vo), Jack “JK” King, Corey “2E” Williams, James “J-Vito” Tillman (bkg vo), Kenneth Leonard Jr. (kbd, musical director), Evan Brice (kbd), Darnell “Showcase” Taylor (g), Lamont McCain (b), Rischard Jenkins (dm).