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Hommages / 18.03.2019

Andre Williams, 1936-2019

Il faudrait bien plus d’une nécrologie pour retracer la vie et la carrière d’Andre Williams, chanteur, auteur-compositeur, producteur et “hustler” tout au long d’une carrière chaotique mais quasi-ininterrompue pendant six décennies.

Originaire d’Alabama, il s’installe à Détroit au début des années 1950 et s’impose rapidement sur la scène musicale de la ville. Il se fait rapidement remarquer en tant qu’interprète, avec ce phrasé parlé-chanté très particulier qui en fait un pionnier du rap, décrochant même un tube avec l’irrésistible Bacon fat en 1957. Mais c’est en coulisse que son impact est le plus important, même si son caractère difficile ne lui permet pas de s’attacher durablement à un label. Dans les années 1960, il collabore ainsi, en tant qu’auteur-compositeur et producteur, avec Motown, Wingate, One-derful, Mar-V-Lus, Vee-Jay, Chess/Checker, Paula et quelques autres…

Utrecht, novembre 1996. © André Hobus

Deux de ses compositions de l’époque deviennent des classiques : Mojo hannah et Shake a tail feather, qui deviendra à la fin de la décennie suivante une des pièces de résistance des Blues Brothers. Marvin Gaye, Stevie Wonder, Otis Clay et Ike & Tina Turner, en particulier, enregistrent ses chansons, et il produit, entre autres, Wonder, Sir Mack Rice (la version originale de Mustang sally) et Bobby Bland, tout en publiant ponctuellement des 45-tours personnels reposant souvent sur son goût pour un humour salace assez relevé.

Chicago, 2010. © Brigitte Charvolin

Chicago, 2010. © Brigitte Charvolin

À peu près disparu de la circulation pendant les années 1970 et 1980, il fait un improbable retour à partir du milieu des années 1990, enchaînant les albums plus ou moins convaincant dans tous les registres, du doo-wop au rock en passant par la soul et la country, en général pour des petits labels indépendants, et jouant avec délectation le rôle du grand-père indigne lors de tournées européennes régulières, souvent dans le circuit rock. Un film documentaire, Agile Mobile Hostile – A Year With Andre Williams, lui a été consacré en 2007.

Frédéric Adrian

Chicago, 2010. © Brigitte Charvolin

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