;
Live reports / 26.09.2013

Amp Fiddler

Une ligne de basse s'élance et le public réagit au quart de tour. C'est celle de Waltz of a ghetto fly, la chanson titre de l'album qui il y a bientôt dix ans dévoilait au grand jour les talents d'un clavier-chanteur issue de la nébuleuse P-funk. Amp Fiddler se coiffe toujours en biais mais délaisse son tabouret. Debout, “keytar” en bandoulière, il opte pour une présence plus dynamique. La bonne nouvelle s'appelle Ollice Cooper, à qui le patron laisse les rênes des claviers en tout genre. Vélocité et science du groove sont au rendez-vous. Fiddler, lui, se cantonne surtout à des accords discrets qui lancent les morceaux, quand il n'embouche pas le tube de sa talk box pour une version d'I believe in you particulièrement funky.

 

 


Avec Chris Bruce (g), Kenny “Mac” Martin (b) et Derrick Sorrell (dm)

 


Ollice Cooper

 

Son chant de séducteur manque çà et là de puissance et de souplesse, mais rappelons que le Fiddler sur scène a le mérite de prendre ses distances du Fiddler en studio. La production léchée fait place à une attitude de jam band coriace, à l'image de l'artificier Derrick Sorrell, toujours aussi inspiré en dynamitage de fûts. Et si derrière ses lunettes et sa Telecaster Chris Bruce a l'air de s'ennuyer, lui aussi fait preuve d'un à-propos réjouissant. Une belle fête du groove qui monte d'un cran lorsque Fiddler s'assied pour dialoguer clavier avec son acolyte.

 


Derrick Sorrell

 

 

Le premier set pioche surtout dans l'album déjà évoqué et aussi dans le suivant (“Afro Strut”) ; et quand la house s'invite (Superficial), le New Morning prend des allures de club où chacun est en mouvement. Après une trop longue pause, le groupe remet le couvert en mode dancefloor, invite deux HornDogz qui cuivrent l'ensemble avec brio, puis calme le jeu avec Hustle, slow jam marvingaysque qui permet à Kenny “Mac” Martin de décocher un solo intense. Place ensuite à deux nouveaux morceaux, extraits d'un EP à paraître prochainement (et d'un album dont la sortie est prévue pour février 2014). Ça coince un peu niveau chant sur la mélodie frétillante d'Always, tandis que Hold on est un stomper nostalgique en hommage à Motown (Fiddler vient de Detroit), sympathique mais déjà tant fait… On préfère nettement le rappel introduit par un piano bastringue et un tom basse qui gronde : If I don't est toujours aussi efficace.

 

 

 

De ce retour – Amp Fiddler explique que les décès de son fils et de sa sœur l'ont contraint à suspendre sa carrière –, on retient avant tout le charisme intact d'un artiste qui, très bien accompagné, prend et donne du plaisir en partageant ses vibrations contagieuses. La communion sur le refrain grisant de Soul divine en disait long.

Nicolas Teurnier
Photos © Stella-K