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Live reports / 25.10.2017

Alvin Youngblood Hart

Trois jours avant ce concert, le festival de cinéma Alter’ Natif dédié au rock and roll et aux populations autochtones a projeté le film Rumble: The Indians Who Rocked The World en présence du producteur Ernest Webb. Ce dernier est aussi présent sur scène pour annoncer le concert de clôture donné par Alvin Youngblood Hart aux côtés de Sophie Gergaud, présidente de l’Association De La Plume À l’Ecran qui organise le festival. Le thème du film est celui de la contribution essentielle des populations amérindiennes aux musiques populaires du vingtième siècle, du blues au rock and roll. Buffet solidaire, vente de livres, exposition d’œuvres artistiques, la salle du Dix a été transformée en un sympathique lieu d’accueil.

Alvin Youngblood Hart est seul avec sa voix, sa guitare et ses harmonicas, et semble détendu. Dès les premières notes, on sait qu’on va être plongé dans du blues ancien, joué et chanté avec respect mais aussi avec vie car Alvin sait maintenir le lien entre une musique séculaire et le temps présent. Il commence par deux airs traditionnels à base de « Mama don’t allow » et « Motherless children » puis introduit le morceau suivant, If the blues was money, en précisant qu’il l’a écrit pour Henry Townsend. À chaque changement de chanson, il accorde sa guitare, ce qui fait retomber la tension alors qu’on aimerait qu’elle monte. C’est ce qui arrive sur la double reprise de Skip James, Illinois blues puis Devil got my woman. Là, sa voix, par ailleurs campée dans les graves, se lâche dans les aigus, son jeu de guitare est plus puissant et nerveux, et la grâce n’est pas loin.

 

 

Pour introduire Poney blues de Charley Patton, il explique comment il l’a entendu la première fois en imitant le craquement des vieux 78-tours ! Il raconte ensuite que ses parents ont quitté le Mississippi pour s’installer dans la Bay Area de San Francisco et que c’est la musique de des groupes locaux de l’époque qui a bercé son adolescence. Suit une reprise bluesifiée du City lights des Flamin’ Groovies pour laquelle il joue de l’harmonica sur un rack autour de son cou. Le reste du concert se déroule ainsi avec des reprises de Tommy Johnson, Leadbelly, Bukka White, et des originaux, notamment Prophet’s mission, parfumés à la Robert Johnson, Son House, entrecoupés d’anecdotes sur Leadbelly à un festival à Washington DC ou sur lui-même et Denzel Washington qui lui a demandé de chanter pour la bande-son d’un de ses films. Il reviendra pour un rappel avec Big mama’s door à l’introduction en boogie façon John Lee Hooker.

Texte et photos : Christophe Mourot