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Brèves / 12.09.2010

Alain Corneau

Nous saluons la mémoire d’Alain Corneau qui fut un fidèle abonné de Soul Bag et un habitué de la Blues Night de Bagneux. Je le revois encore, il y a 3 ou 4 ans, accoudé à la scène, battant la mesure de la main, les yeux pétillants de bonheur pendant le passage de Chicago Blues Festival.
Toute son œuvre témoigne de son amour de la musique, toute la musique, mais particulièrement du jazz sans exclusive de style, du blues au free, en passant par la soul et le jazz classique. Dès son premier long métrage, France Société Anonyme (1974), il avait abondamment utilisé la musique de Clifton Chenier (la B.O. est parue sur un album Arhoolie-Musidisc), tout comme les chansons d’Otis Redding constituaient le fil rouge de Le Môme (1986). Alain Corneau, batteur amateur dans sa jeunesse, était revenu sur ses goûts musicaux, forgés auprès des G.I.s des bases américaines, dans l’autobiographique Le nouveau monde (1995). Même si, pour les besoins scénaristiques, la chansonnette débilitante triomphait dans son chef-d’œuvre, Série noire (1979, d’après Jim Thompson), on se souvient encore de Patrick Dewaere dansant sur un thème de Duke Ellington (Moonlight fiesta). Comme on se souvient d’Yves Montand, bouleversé, écoutant Joe Tex sur son autoradio dans Le choix des armes (1981).
Dans ce qui restera son dernier film, Crime d’amour, il avait confié la partition à Pharoah Sanders, témoignage ultime de son amour du jazz et des musiciens.
Jacques Périn