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Live reports / 25.03.2022

Alabama Mike + Lowland Brothers, L’Odéon, Tremblay-en-France 

12 mars 2022.

Avec un brin de malice, Nico Duportal ne manqua pas de remercier « Michel Rémond pour nous avoir programmé en première partie d’une soirée blues ». Car, après Rosebud Blue Sauce ou les Rhythm Dudes, la nouvelle aventure musicale des Lowland Brothers amplifie la démarche amorcée avec les Sparks, en s’éloignant des rivages du blues qu’il a si brillamment arpentés au cours des années. Un pari audacieux et une prise de risque certaine, mais un véritable projet artistique et une entreprise collective, le mot brothers n’étant pas utilisé à la légère.

Le prolongement scénique est dans le droit fil de l’album : arrangements et harmonies vocales élaborés, sonorité sous contrôle pour des compositions sophistiquées rétives à toute catégorisation. Un peu soul, un peu rock, un peu country, mais pas que… Plutôt que de chercher des références, mieux vaut se laisser porter par ces pièces en tempo lent ou mid, parfois rehaussées d’un soupçon de funk. À la guitare et au chant, Nico Duportal est l’incontestable leader de la formation, mais ses compagnons sont tout aussi investis : Max Genouel à la basse, Damien Cornélis aux claviers, Hugo Deviers aux percussions et à la guitare, et Fabrice Bessouat à la batterie. Du travail d’orfèvre avec des moments forts comme Sunburns in December ou Share your load, parfaitement cadrés. Ce n’est qu’en fin de set, avec High and lonesome, que Nico semble se lâcher au cours d’un long solo luxuriant aux accents rock.

Nico Duportal, Fabrice Bessouat, Max Genouel
Damien Cornélis
Hugo Deviers

Changement d’ambiance en seconde partie, même si trois Brothers sont toujours sur scène : Fabrice Bessouat aux drums, Damien Cornélis aux claviers et Max Genouel abandonnant la basse pour la guitare et passant le relai à Julien Dubois. Il s’agissait là du premier concert de la première tournée européenne d’Alabama Mike, après maints reports pour cause de pandémie. Grâce à quatre albums et des collaborations prestigieuses (il a côtoyé Andy T, Junior Watson, Kid Andersen, Jim Pugh, Anson Funderburgh, etc.), Mike Benjamin (son vrai nom) s’est distingué par son chant dans la grande tradition sudiste soul blues, à l’instar d’un Little Johnny Taylor dont il reprend superbement Somewhere down the line. 

Son répertoire se partage entre reprises personnalisées (Think, Feel so good) et originaux comme Rock me in your arms et l’excellent Eddie Lee, un blues lent où son humour fait mouche. Ses parties d’harmonica ne laisseront pas un souvenir impérissable, en revanche, les contributions de Damien Cornélis, en mode orgue ou piano, et de Max Genouel relèvent d’un feeling blues particulièrement aiguisé. Après quelques ajustements (enchaînements plus fluides, sono mettant mieux en valeur la voix), les concerts à venir promettent de belles émotions.

Texte : Jacques Périn
Photos © J-M Rock’n’Blues
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Alabama Mike