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Chroniques / 04.03.2021

Adrian Younge, The American Negro

Remarqué il y a une dizaine d’années pour son travail avec Venice Dawns, les Delfonics ou Ghostface Killah, le producteur et multi-instrumentiste Adrian Younge n’a pas vraiment confirmé, au fil du temps, ses promesses initiales, enchaînant demi-réussites (l’album “all star” de The Midnight Hour) et franches déceptions (la quasi totalité de la série “Jazz Is Dead”). 

Pour le premier projet publié sous son seul nom depuis plusieurs années – dont le présent disque n’est qu’un élément, aux côtés d’un court métrage et d’un podcast –, Younge a choisi un objectif ambitieux, qu’il résume ainsi : « Une critique sans compromis d’un système d’oppression des personnes de couleur aux États-Unis, détaillant par le menu le système et l’approche résolument malveillants qui les affectent au quotidien. » Le résultat, qui mêle passages parlés et musique, n’est cependant pas à la hauteur de ses intentions et de ses ambitions.

Pour une fois quasiment seul pilote à bord – peu de collaborateurs, pas d’invités vedettes –, Younge ne craint pas d’aborder des sujets difficiles – celui des lynchages, par exemple – et d’aller porter le couteau dans les plaies d’une certaine Amérique. Mais ses interventions en mode “spoken word”, qui expriment une colère sans aucun doute sincère, sont d’une écoute assez difficile – la faute à une scansion très heurtée – tandis que les passages musicaux peinent à éviter les clichés seventies, à base d’arrangements théâtraux, voire complaisants, qui sont hélas devenus sa marque de fabrique. Une occasion manquée.

Frédéric Adrian

Note : ★★
Label : Jazz Is Dead ‎
Sortie : 26 février 2020

Adrian YoungeFrédéric Adrian