Live reports / 18.09.2022

Rendez-Vous de l’Erdre 2022, Part. 1

Du 22 au 28 août 2022, Nantes

Pour les trois principales journées des 26, 27 et 28 août, soit le dernier week-end avant la rentrée scolaire, les Rendez-Vous de l’Erdre, “festival de Jazz et Belle Plaisance”, ont réinvesti le centre-ville de Nantes, avec la fameuse scène nautique, la scène blues à l’entrée de l’ile Versailles, la scène Sully, les quais bordés par des scènes sur péniches, des stands de nourriture et de boissons mais aussi des nouveautés comme la scène mixed jazz dans les douves du château des Ducs de Bretagne ou la scène swing sur le parvis de la Cité des Congrès. Météo favorable, plaisir de retrouver les sites et l’ambiance historique, le public est très nombreux dès le vendredi en fin d’après-midi. Mais l’animation musicale a déjà commencé depuis une semaine avec de multiples événements, concerts “off”, réveils matinaux ou à d’autres moments de la journée, le long de l’Erdre, dans ses ports, à ses écluses, dans les forêts, les quartiers et jardins urbains, et d’autres endroits inattendus.

En ce qui concerne le blues au sens large, le groupe de swing Stomp Stomp assure la Tournée des Batignolles dans les quartiers nord. Nous les retrouvons le lundi 22 août dans le quartier Maisonneuve, aux côtés d’un public fourni, habitants des immeubles bordant le lieu du concert ou amateurs venus de plus loin. Avec David Avrit au chant et à la batterie, Irina Leach au piano, Thomas Croguennoc au saxophone, Franck Beele à la trompette et Jeff Vincendeau à la contrebasse, l’ambiance est à la fête. Leur jazz swing et blues emballe immédiatement le public, par sa beauté musicale, sa fraîcheur et sa bonne humeur. David est impeccable au chant et au rythme, Irina, Thomas et Franck envoient des solos aériens et justes, et Jeff est élastique pour l’autre moitié du rythme. Reprises de Joe Liggins, Fats Waller, Jimmy Forrest et autres héros du genre, compositions originales, très belle séquence solo d’Irina au piano pour rendre hommage à Fats Waller, rappel avec Mack the knife, le temps passe vite et bien.

Le “off” passe ensuite par le Zygo Bar avec Tampa Road le mardi 23 août. Ambiance des grands soirs avec un concert joué en intérieur, une nouvelle scène, un public nombreux, la température monte très vite et très haut, dans tous les sens de l’expression. Solenne Schumann au chant, avec François Nicolleau à la guitare, Bruno Denis à l’orgue, David Avrit à la batterie, égrène avec autorité des reprises d’Etta James, Amy Winehouse, Aretha Franklin, Ruth Brown, Sugar Pie DeSanto, et d’autres encore. Le groupe s’affirme de plus en plus, il faut compter sur eux.

Changement de contexte le lendemain puisque le concert des Electric Dukes se passe à l’écluse de la Tindière à Nort-Sur-Erdre. Au bord du canal de Nantes à Brest et accueillis par les propriétaires du lieu, qui ont prévu à manger et à boire, on peut savourer le soul blues de Jakez Rolland au chant et à la guitare, Nicolas Deshayes à la guitare, Arnaud Gobin à la basse et Cyril Durand à la batterie. Little Milton, Freddie King, Johnnie Taylor, Al Green, Wilson Pickett, Kilborn Alley Blues Band, Sam Cooke, Fenton Robinson, O.V. Wright, Bobby Bland, sont revisités via un chant tendu, et des solos de guitare “Chicago style” ou “Texas style” par Jakez et Nicolas. Fabrice Bessouat et Jérôme Boisneau viennent participer à la fête à la batterie, pour clôturer une soirée d’exception.

Retour en ville le jeudi 25 août mais toujours dans la verdure avec le concert des Freaky Buds dans le parc du Camping du Petit Port à Nantes. Max Genouel au chant et à la guitare, Lonj à la deuxième guitare et au chant, Thomas Troussier à l’harmonica, Hugo Deviers à la batterie : en une heure, le groupe a envoyé du bon blues costaud avec des compositions et des reprises de R.L. Burnside, Red Devils, Little Walter et d’autres encore. Du beau son, guitares et harmonica, des tambours de guerre, et de l’ambiance, beaucoup d’ambiance, dont la température a été savamment remontée par le groupe via son traditionnel concours de danse permettant de gagner un CD. Dans un cadre pareil, c’était super !

Et nous voici vendredi 26 août avec l’ouverture de la scène blues à l’Ile Versailles. Vainqueurs du tremplin en 2021, et auréolés par la suite du titre de meilleur groupe de l’International Blues Challenge de Memphis en mai 2022, les Wacky Jugs ont le privilège de jouer en première partie. Jack Titley au chant, à la mandoline et à la guitare, Gurvan Leray à l’harmonica, Jonathan Caserta à la contrebasse, Rowen Berrou à la batterie et Pascal Cuff à l’accordéon, séduisent instantanément avec leur blues ancien (Leadbelly, Memphis Minnie, Sleepy John Estes, Gus Cannon, Washboard Sam) et moderne (Sonny Boy Williamson, entre autres), chanté et joué dans une configuration instrumentale peu courante. Lorsque les instruments, mandoline, harmonica et accordéon, jouent en harmonie, parfois augmentés de la voix, que des sonorités bretonnes apparaissent sous les blues, c’est un moment unique. Ce groupe a tout pour occuper une place à part dans le blues actuel.

La scène est alors bien chaude quand apparaissent les Cinelli Brothers. Marco Cinelli, guitare, claviers, chant, son frère Alessandro, batterie et chant, Tom Julian-Jones, harmonica, guitare et chant, et Stephen Giry, basse, guitare et chant, sont quatre bâtons de dynamite qui ne demandent qu’à exploser ensemble. Ils vont créer une énorme sensation. Présence scénique, talent musical individuel et collectif, répertoire, entrain, et contact avec le public, qui se met de suite au taquet. Ils attaquent avec Your lies issu de leur premier disque “Baby Please Set Your Alarm” et enchaînent avec No place for me, un titre chanté par Ian Siegal sur le disque “No Country For Bluesmen”. Là, le passage a cappella à quatre voix est un instant de pure poésie vocale. Les compositions et reprises qui suivent, Tuff enough, Married woman, Lonely room, Dimples, Dry spell, Chew my gum en medley avec Who do you love, sont des prétextes pour faire monter la tension et la folie, avec des changements d’instruments, entre et pendant les morceaux, et des passages de micros qui montrent qu’ils sont tous de très bons chanteurs. Le rappel I’m a rocker emporte le tout et la soirée s’inscrit dans les grands moments des Rendez-Vous de l’Erdre.